Manono : l’érection d’un mini barrage prive l’eau aux habitants

Manono : l’érection d’un mini barrage prive l’eau aux habitants

L’érection d’un mini barrage sur le lac artificiel Lukushi à Manono dans la province du Tanganyika, crée des remous. Des habitants de deux quartiers environnants affirment que la construction de cette infrastructure affecte les communautés riveraines. D’autres dénoncent le non respect de la procédure administrative par la  société Manono Lithium.

En effet, depuis le début du mois de juin , la société Manono Lithium a lancé des travaux de construction de mini barrage. L’entreprise inscrit cette initiative dans le cadre de ses actions sociales. Néanmoins, l’abbé Moise Kiluba, cadre de la société civile locale qui a visité le site, est choqué.  »L‘entreprise est en train de construire une digue sur la rivière. A ce jour, des engins couvrent une partie de la rivière avec de la terre . Elle trace une route en plein milieu de la rivière ». Ainsi, le lac qui était alimenté en eau par cette rivière, a tari, indique cet acteur de la société civile. Par ailleurs, les populations riveraines enregistrent déjà des conséquences .

« Les quartiers Barzin 8 et 7 et la cité Kanteba de Manono sont privés d’eau. Et pourtant, les communautés se servaient du lac pour tous des besoins ménagers, déplore, pour sa part, Valérie Mabala, un autre acteur de la société civile. Et d’ajouter : « Ce lac artificiel est aussi vital sur le plan économique. Les gens y pratiquaient la pêche et les poissons étaient vendus sur le marché local. »

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Quid du respect des normes

De ce fait, le projet de construction de ce mini barrage est perçu de différentes manières à Manono. Pour la plupart des habitants, l’érection du barrage n’a pas respecté les normes.

C’est le cas du Professeur Deogratias Yolola, expert en gouvernance environnementale.  » Ce projet aurait pu commencer par des études préalables d’impact environnemental et social. Il y a des milliers de familles qui vivent des activités secondaires et tertiaires liées à la présence de ce lac. Des maraîchers, des pêcheurs, des tisserands, des laveurs de produits miniers artisanaux.» Pour lui, cette étude n’a pas été fait.

De son côté, l’abbé Moise Kiluba, cadre de la Société civile à Manono, dénonce l’absence de consultation de la communauté locale.  »L’entreprise Manono Lithium n’a pas organisé des consultations avant de lancer son projet. Voilà qui explique le mécontentement. »

En outre, l’entreprise soutient que le lac est dans sa concession. C’est ainsi que nous craignons la disparition totale de ce lac au profit de l’exploitation du Lithium, ajoute-t-il.

Entre temps, Manono Lithium a reçu l’aval du chef de la chefferie Bakongolo pour la mise en œuvre de son projet. De plus, le document autorisant l’érection de ce mini barrage porte la signature du coordonnateur du Regroupement d’intégration chrétienne, RDIC. Aussi, celle du président des exploitants des motards. Pour la société civile, ces structures ne peuvent pas de prévaloir au nom de la communauté. Des sources proches du chef de la chefferie indique que la mini centrale hydroélectrique devrait produire environ 2 mégawatts.

Du coté de l’entreprise Manono Lithium, jusque là, pas de réaction. Nous avons contacté le responsable des ressources humaines de la Société, mais il n’a pas souhaité s’exprimer.