Lubumbashi: les féminicides interrogent sur les violences conjugales
Le nombre de femmes tuées dans leur foyer par leurs conjoints dans la province du Haut Katanga s’accroît considérablement. Depuis l’année dernière, 8 cas ont été enregistrés. Pour les spécialistes, ces féminicides découlent des violences conjugales. Ces violences sont souvent banalisées dans la société.
Dans la nuit de samedi au dimanche 6 octobre, un homme a poignardé sa femme jusqu’à la tuer sur l’avenue Suzanella dans la commune de Kampemba. Les témoignages qui affluent dans les réseaux sociaux indiquent que cet homme a tué sa femme parce qu’elle a mal géré 70 000 francs, soit 28 dollars. Il y a 12 jours, un homme a été condamné de 20 ans pour les mêmes faits.
Ceci indique que le phénomène prend de plus en plus de l’ampleur dans la province. Il faut dire que le féminicide n’est que l’aboutissement du cycle des violences domestiques. En République Démocratique du Congo, ces violences touchent beaucoup de femmes. Le Fonds des Nations Unies pour la population UNFPA indique pour sa part que plus de 40 % de femmes en RDC ont déjà fait face à des violences conjugales.
Le problème est que ces violences sont souvent négligées. Un silence les entourait même au sein de la famille. C’est ce que pense maître Sylvie Nkolomoni, coordonnatrice de l’ONG La Voie du savoir. « Vous allez trouver que la femme est victime de coups et d’injures de son mari, même en présence de ses enfants. Mais personne ne pouvait dénoncer, même pas ses propres enfants », dit-elle.
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L’implication de tous
Compte tenu de la situation, le professeur Felix Momat, gynécologue obstétricien, spécialiste en Droits de santé sexuelle et reproductive, pense qu’il faut impliquer également la communauté. Il faut réfléchir « sur les stratégies communautaires pour prévenir la violence domestique », dit-il. Et d’ajouter : il faut « (…) sensibiliser les communautés pour encourager des changements sociaux durables et prévenir de tels drames à l’avenir ». Il pense par ailleurs qu’il est nécessaire de se focaliser sur le rôle crucial des hommes dans la promotion de l’égalité de genre.
Toutefois, il faut aller au de la sensibilisation des communautés sur les violences conjugales. Car plusieurs facteurs les favorisent. Pour le professeur Félix Mumat, il s’agit de la pauvreté et du contrôle économique, et de l’impact des inégalités. De plus, il y a également l’inefficacité des réponses judiciaires face aux violences basées sur le genre. Il se pose aussi la question de l’accompagnement psychologique des victimes et des proches.
Le féminicide n’est qu’une conséquence des violences conjugales, l’implication de tous est importante.