Lubumbashi : des avenues fictives ou déjà réhabilitées dans le budget 2025 ?

Lubumbashi : des avenues fictives ou déjà réhabilitées dans le budget 2025 ?

La province du Haut-Katanga a fait inscrire dans le budget 2025 la réhabilitation de plusieurs routes dans le cadre du projet PDL-145 Territoires. En outre, dix autres avenues sont également prévues dans le budget pour la même année. Cependant, trois avenues inscrites dans ce budget sont déjà réhabilitées et deux ne figurent pas sur la carte géographique de la ville de Lubumbashi.

En effet, la loi des finances de la RDC pour 2025 renseigne une enveloppe de 54 979 951 720 francs congolais pour les investissements dans la province. Ce budget concerne plusieurs projets. C’est notamment la construction de sept bâtiments administratifs, c’est aussi la réfection des ponts et routes . Il y a aussi l’acquisition des camions-citernes à eau. Pour la ville de Lubumbashi, dix avenues seront construites ou réhabilitées. C’est entre autres l’avenue Likasi, l’avenue de la Révolution ou encore l’avenue Kabalo. Et pourtant, ces avenues ne nécessitent pas une réfection. Car, par exemple, l’avenue Likasi a été réfectionnée en 2023 . Quant à l’avenue de la Révolution, du bout au bout, elle est aussi en bon état.

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Tentative de détournement ?

Pour Duc Mbuyi, membre de la lutte pour le changement,ça s’apparente à une tentative de détournement. « Je viens de sillonner l’avenue de la Révolution de bout en bout. Elle est en bon état. Je ne comprends pas pourquoi on doit l’inscrire dans le budget national comme route à réhabiliter, dit-il.  Et d’ajouter : « Je me pose la question de savoir quel est le travail de nos députés. Comment ont-ils accepté que le budget puisse passer avec ces erreurs ?, s’interroge-t-il.

En plus des avenues déjà réhabilitées, certaines avenues ne sont pas localisées dans la ville de Lubumbashi. C’est le cas de l’avenue de la Morgue entre le boulevard de l’indépendance et l’avenue du 24 novembre. Il y a aussi l’avenue Lualaba, tronçon Lumumba, et la rivière Kaponona. En recherchant ces avenues sur Google Maps, elles sont situées dans la ville de Likasi .  « Où ira l’argent prévu pour ces avenues qui ne sont pas localisées à Lubumbashi ? », s’interroge  encore Duc Mbuyi .

Les avenues localisées á Likasi et non á Lubumbashi
La Guardia

À noter que le budget prévoit une enveloppe de 3 007 057 783 CDF pour réhabiliter les avenues Likasi , Kabalo et de la Révolution. La même loi prévoit 2 121 072 485 CDF pour réhabiliter les avenues de la morgue et Lualaba, deux avenues qui ne se situent pas dans la ville de Lubumbashi comme indiquer dans le budget.

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Des erreurs à harmoniser ?

Du côté des institutions, elles assurent qu’il ne s’agit pas d’une tentative de détournement. Une source proche du gouvernement de la province explique que s’agissant par exemple des avenues déjà réhabilitées, une harmonisation est prévue. « Le gouvernement central a reconduit des avenues prévues pour l’année 2023. « Nous les avons réhabilitées », dit-elle. « Cependant, au moment de la réalisation, les deux institutions vont harmoniser les choses », a expliqué encore cette source.

S’agissant des avenues inexistantes dans la ville de Lubumbashi, cette source pense également qu’il s’agit d’erreurs matérielles. « Même si ces avenues ne sont pas localisées à Lubumbashi, elles sont néanmoins localisées dans la province du Haut-Katanga ». Et de poursuivre « Ceux qui travaillent sur le budget national ont peut-être fait des erreurs, parce qu’ils ne maîtrisent pas toutes les villes du pays ».

Toutefois, pour certains experts, si le budget est bourré d’erreurs, cela pose un sérieux problème. « Il y a réellement un sérieux problème de crédibilité et de sincérité », dit Christelle Nshimba , chargée des communications du Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL).

D’ailleurs, cette plateforme dénonce cet état des choses dans son document posté sur ses réseaux sociaux le 19 décembre dernier. Le CREFDL doute de la crédibilité des crédits additionnels de 2 457,3 milliards CDF relevés par la commission ECOFIN de l’Assemblée nationale. Celle-ci alloue ce montant aux différents secteurs, notamment 37,6 % affectées aux infrastructures.