Postes de secours à Lubumbashi : vital mais à risque

À Lubumbashi, les postes de secours jouent un rôle crucial dans la vie des habitants des quartiers périphériques. En effet, un poste de secours, est tout au plus un local abritant une pharmacie et offrant des soins médicaux dispensés par un médecin ou un infirmier. Dans les quartiers Kilobelobe et Kamasaka par exemple, ces petites structures privées de santé se comptent par dizaines. Cependant, tout ne se déroule pas dans le respect des normes.
Rond point Masiya sur la route Kilobelobe à Lubumbashi, l’endroit est très fréquenté. Il abrite plusieurs activités commerciales. Et dans cet endroit stratégique, deux postes de secours y sont implantés. Il est 7 heures locale, Chantal âgée de 26 ans arrive pour recevoir son traitement du matin. Visiblement fatiguée, elle lache quelques mots. « Ça fait deux jours que je me fais soigner ici. Je me suis plainte et le médecin m’a dit qu’il s’agissait de la malaria. Les soins médicaux vont durer 7 jour, » nous dit-elle.
En effet, Chantal a été reçu par François Tshitungwa, étudiant en médecine. C’est lui qui tient ce poste de secours. Célibataire, il vit dans ce local d’environ 5 mètres de longueur et 4 mètres de largeur. À l’intérieur, des boîtes des médicaments sont rangées sur une étagère. C’est le coin de la pharmacie qui fait aussi office de salle des soins. Deux tables et quelques sièges servent pour accueillir ses patients. Et enfin , dans la même pièce, il y a un coin dortoir. Le seul matériel médical visible dans ce poste de secours est un stéthoscope posée sur l’une des tables.
» Je suis ici depuis bientôt deux ans, » »Je n’ai pas de matériels appropriés et je tiens compte des cas à prendre en charge. C’est surtout les moyens financiers limités qui amènent des gens ici. Matin et soir, je peux soigner environ 15 personnes, » déclare cet étudiant en médecine.
Tache difficile
Si le jeune Tshitungwa semble maîtriser la situation, ailleurs ce n’est pas le cas. Un peu plus loin au fond du quartier Kamasaka, Patient Banze, un médecin, tient aussi un poste de secours. Mais la tâche n’est pas facile même s’il possède un peu du matériel médical. Il s’agit notamment du stéthoscope, de la tensiomètre, une potence, un lit pour l’observation des malades .
» Nos petites structures privées sauvent des vies. Néanmoins, elles manquent souvent de ressources, déclare t-il. Nous avons besoin de médicaments et de matériel médical pour offrir des soins de qualité. Sinon, c’est compliqué pour poser un diagnostic. Surtout lorsqu’un patient a des difficultés à expliquer son problème de santé. »
Le travail de ce médecin est d’autant plus difficile car il n’a pas de laboratoire. Ainsi, il pose le diagnostic en fonction des plaintes du patient. Et pourtant, certains symptômes nécessitent des examens médicaux approfondis, reconnait néanmoins Patient Banze.
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Des risques sanitaires de taille
Il faut dire qu’autant ces structures sanitaires sont vitales pour les personnes démunies, autant elles présentent des risques sanitaires importants. Que ce soit pour les malades ou encore pour le personnel soignant. La prise en charge par ces postes de secours des certains cas compliqués, conduisent parfois le malade au décès. Le Docteur Patient Banze par exemple en a l’expérience. Il a déjà été arrêté une fois après avoir pratiqué un accouchement compliqué sur une femme. Le nouveau-né est décédé quelques heures après et ce médecin a été traduit en justice .
» Il y a des cas qui dépassent parfois mes compétences vu les conditions dans lesquelles je suis travaille. Il m’arrive de faire des choix difficiles presque tous les jours. Soit laisser quelqu’un mourir ou tenter de le sauver. C’est là le piège, » déplore t-il.
Par ailleurs, le jeune François Tshitungwa déplore le comportement de certains patients. » Il y a certaines personnes qui me mentent sur leur état de santé. En majorité des jeunes filles. Nous arrivons à comprendre certaines choses mais ce n’est pas suffisant. Il y a des cas qui nécessitent des examens médicaux appropriés. Mais nous ne pouvons le faire. »
Il faut dire que le niveau d’accès aux soins de santé de qualité est encore faible en RDC Et cela, malgré que le pays a adhéré au principe de la » Santé pour tous ».