Lubumbashi : urgence face à la montée des enfants en rupture des liens familiaux

Le nombre croissant des enfants en rupture des liens familiaux dans la province reste préoccupant. Au dernier recensement de 2023, ils sont estimé à 2300. Cette situation inquiete aussi Michel Kabwe, président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga .Ce lundi 31 mars, lors de son allocution prononcée à l’ouverture de la session ordinaire du même mois, il a déplore notamment l’insécurité que représente ces jeunes désœuvrés
Devant le tunnel au centre-ville de Lubumbashi, une trentaine d’enfants envahissent le boulevard Lumumba. Il est 07 heures et certains dorment encore. Allongés devant des magasins de part et d’autre, des morceaux de carton et vieux pneus leur servent de lit. D’un air triste, l’un d’entre eux s’approche de nous.
« Monsieur, puis-je avoir un billet de 500 francs ? » nous demande Donciel, un petit garçon d’environ 12 ans. » Visiblement affamé, il peine à se souvenir de la dernière fois où il a pris un bain. « Hier, je n’ai pas mangé grand-chose », déclare-t-il. Nous demandons souvent de la nourriture dans des restaurants. Cependant, hier, en mon absence, mes amis ont tout mangé. Amitié, le mot semble moins approprié pour décrire les réalités entre ces enfants.
De l’agressivité
Dans ce bloc du tunnel, c’est au réveil que commence la quête de quoi manger. Tout taxi qui s’arrête représente l’espoir d’avoir un peu d’argent. Les passants sont quant à eux perçus par ces enfants des rues comme des bons samaritains et des potentielles victimes. Dans ce groupe, une fille est parmi les meneurs. Elle essaie de distraire une demoiselle, alors que les autres tentent de prendre son téléphone et de lui arracher quelques billets d’argent. Soudain, un homme intervient et les disperse. Tel une meute de chiens, ils se retirent après avoir manqué la cible.
Un autre bloc se situe devant la mairie de Lubumbashi. Ici, une dizaine d’enfants se débrouillent pour cuisiner. Ils ont deux marmites et un malaxeur. Avec ces ustensiles sûrement ramassés, ils sont visiblement unis pour la cause. De gauche à droite, certains cherchent des morceaux de bois et des cartons pour mettre au feu. Par terre, il y a un peu de farine de maïs, des œufs, de la tomate et de l’huile. De la nourriture, achetée grâce à l’aide des passants,nous affirme Roger, leader du groupe
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L’assemblée provinciale préoccupée
Si ces enfants paraissent déjà agressifs dès le bas âge, avec le temps, la situation s’empire. C’est l’inquiétude qu’a exprimée Michel Kabwe, président de l’Assemblée provinciale.
« La gestion des enfants en rupture familiale s’avère difficile », déclare-t-il. Les efforts déployés pour gérer cette question ne sont toujours pas à la hauteur. Le nombre d’enfants sans domicile s’accroît de jour en jour, » dit-il encore.
Et d’ajouter : « Ces enfants de la rue et d’autres jeunes désœuvrés sont habitués au libertinage et à l’argent facile. Ils s’adonnent à la consommation de la drogue ou de l’alcool et constituent ainsi un terreau pour la criminalité. Cette situation tend vers le pire ; je recommande donc au gouvernement provincial de prendre des mesures draconiennes pour lutter contre ce fléau. »