RDC: des réactions après la levée des immunités de Joseph Kabila

Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo (RDC) de 2001 à 2019, a bénéficié après son mandat d’une immunité parlementaire comme sénateur à vie. Et cela conformément à la Constitution congolaise. Cette immunité le protégeait contre toute poursuite judiciaire. Ce jeudi 22 mai, la chambre haute a décidé de lever ses immunités à la demande de la cour militaire. Cette levée suscite diverses réactions dans l’opinion à Lubumbashi.

L’ancien président et sénateur à vie est accusé par la cour militaire de complicité avec la rébellion de l’AFC/M23. Pour la cour militaire, il doit répondre de ses actes. Ainsi, le Sénat a, par une majorité écrasante, levé ses immunités. Cette situation alimente le débat en RDC.

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Justice

En effet, pour certains acteurs, la justice doit faire son travail dans ce dossier. « Si on est accusé de quelque chose, il appartient à tout citoyen de répondre et de faire entendre la vérité », dit Duc Mbuyi, activiste de LUCHA. « Pour le cas de Joseph Kabila, le fait que ses immunités aient été levées, ce n’est que justice. « Parce qu’on lui reproche des choses, et pour mettre la lumière sur ces accusations, cette levée a été nécessaire« , dit-il encore.

Pour sa part, Kakulu Bernard, coordonnateur de l’observatoire des libertés publiques à Lubumbashi, pense que « l’État congolais ne doit pas être complaisant avec tous ceux qui se mettent du côté de la rébellion« . Car tous sont égaux devant la loi et chacun doit répondre de ses actes. Toutefois, il insiste sur le respect des procédures et la bonne communication dans les situations comme celle-ci.  C’est en vue d’éviter des frustrations.

Jean-Paul Tshishimbi, membre de la thématique justice et droits humains au cadre des concertations de la société civile du Haut-Katanga, partage le même point de vue.  » La justice congolaise doit faire son travail ».  Toutefois, il insiste sur le respect de ses prérogatives.  L’ex-président a ses droits qu’il faut protéger. Car les droits qui sont fondamentaux. Comme il a acquis

Une solution politique ?

Si certains pensent que la justice doit agir, pour d’autres, le dossier de l’ancien chef de l’État est hautement politique. C’est le cas de maître Tshiswaka Musoka, directeur de l’institut des recherches pour les droits humains ( IRDH). Qu’ils aillent politiquement dans les négociations, ça, c’est un premier argument. Le gouvernement est, en train de négocier avec le M23. Il négocie aussi avec le gouvernement rwandais. Mais alors ,il devrait mettre aussi sur place un mécanisme de négociation interne au lieu d’ouvrir des procédures judiciaires.   « Un prétexte juridique ne peut pas résoudre un problème politique. » C’est ce que nous disons au président Tshisekedi : nous le lui avions dit au président Kabila lors des poursuites contre Moïse Katumbi.

De plus, il soulève également un autre problème.  Celui lié à l’appareil judiciaire.

« La justice elle-même est dite malade. L’appareil judiciaire ne fait pas le poids face à l’appareil exécutif. Est-ce que cet appareil judiciaire-là malade peut juger une affaire si hautement politique ? s’interroge t-il.

Alors que la question des levées des immunités de Joseph Kabila alimente les débats, ce dernier promet de s’adresser à la nation ce vendredi soir.