RDC: quel est le poids de l’économie informelle?

L’économie informelle domine en RDC. Elle nourrit. Elle emploie. Cependant, elle échappe aux chiffres officiels. Pourtant, elle fait vivre des millions de personnes. C’est une économie majeure, mais invisible.
Les estimations varient. Entre 60 et 80 % du PIB dépendent du secteur informel. Commerce de rue, mines artisanales, taxis-motos, ces activités fuient les radars de l’État. Résultat ? Leur impact reste sous-évalué.
Un filet social essentiel
Effectivement, le secteur informel est capital. Car, en RDC, il n’y a pas d’usines. Il y a peu d’emplois stables. Alors, la débrouille prend le relais. Par exemple, les femmes vendent. C’est le cas d’Ekanga Armene. Elle est mère de six enfants. Son travail depuis 2018, c’est vendre une pâte appelée Kikanda. Bien qu’elle travaille d’une manière informelle, elle reconnaît que ce travail est important pour elle. Dans ce travail, je nourris ma famille. Je paie l’école de mes enfants. Grâce à ça, j’ai même acheté une parcelle et j’ai mêmeconstruit.
Quant aux jeunes, ils se débrouillent à leur manière. Par exemple, ils conduisent des motos. Mwalaba José est l’un d’eux. Il fait ce travail depuis 10 ans. « Je vis grâce à ce travail. Je me suis marié et, aujourd’hui, j’ai deux enfants. Mon travail me permet de prendre soin d’eux.
Des adultes eux aussi débordent d’ingéniosité pour survivre. Samuel Ilunga est un conducteur de taxi. Cela fait près de 20 ans qu’il travaille dans ce secteur. « J’ai quatre enfants. » « Ils vivent grâce à mes revenus. » Pour tout dire, sans ce secteur, le chômage exploserait.
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Ses limites
Il est vrai que l’informel sauve. Mais il fragilise aussi. C’est ce que pense Jean Bosco. Économiste. En fait, il faut savoir que l’économie informelle pèse excessivement sur l’activité économique formelle. C’est un fait et il faut le signifier. Car, selon lui, l’activité informelle n’est pas répertoriée au sein de l’activité économique.
De plus, elle occasionne un manque à gagner .Parce que l’État perçoit peu d’impôts. « Ceux qui sont au sein de l’activité formelle payent des impôts et des taxes. » Or, les impôts et taxes constituent un moyen de financement pour l’économie nationale ́ « Les activités échappent à l’économie nationale. Cette manière d’échapper constitue une pesanteur », dit-il.
Donc, c’est une forme de manque à gagner pour l’activité économique. De plus, les activités informelles pèsent énormément sur le PIB.
Pistes
Pour l’économiste, il faut mettre en place certaines mesures. « C’est que la RDC doit identifier les différentes activités informelles et les encadrer. Et ensuite les orienter vers une transformation des économies informelles vers les économies formelles« .
Par ailleurs, il pense que « l’État doit prendre des mesures pour les protéger, et en les protégeant, l’État récupère en contrepartie les différents impôts et taxes qui devraient cette fois-ci augmenter les ressources mobilisables pour l’État« .