RDC : 2ᵉ victime des éléphants à Ankoro, la peur envahit le village

RDC : 2ᵉ victime des éléphants à Ankoro, la peur envahit le village

Le conflit entre les éléphants en divagation et la communauté d’Ankoro dans le territoire de Manono subsiste malgré le cri de cette population. Ce lundi, ces pachydermes ont causé la mort d’une femme au village de Kamalenge à 7 kilomètres d’Ankoro. Les habitants vivent dans la peur, en particulier les agriculteurs. Cette victime est la deuxième en seulement un mois.

La population du village Kamalenge était dans l’émoi ce lundi après la découverte du corps d’Euphrasie Mbuyu. Âgée d’une cinquantaine d’années, la victime a, en effet, été surprise par des éléphants sur le chemin vers son champ. Des témoignages recueillis à Ankoro, localité située à moins de 10 kilomètres du lieu du drame, indiquent que la victime n’a pas eu le temps de s’échapper.

« Vers 7 heures du matin, Euphrasie se rendait au champ accompagnée de ses collègues quand elles ont croisé un groupe d’éléphants. L’un des pachydermes a d’abord renversé le bassin qu’elle portait sur sa tête. Ensuite, il l’a attaquée et la victime s’est effondrée« , témoigne Fernand Kabi, président de la jeunesse à Ankoro.

Les habitants en colère ont une nouvelle fois déposé la dépouille au bureau de la police à Ankoro avant son inhumation.

Vivre la peur au ventre

Ce deuxième incident en l’espace d’un mois suscite la peur au sein de la population d’Ankoro. En effet, les agriculteurs ne savent plus se rendre au champ. Ils craignent de se faire tuer par ces pachydermes. C’est le cas de Lydie Mwenze, une agricultrice d’Ankoro. Elle s’inquiète de ne plus pouvoir aller à son champ depuis ces incidents. « Nous avons peur, nous sommes stressées lorsque nous nous rendons en brousse« , dit-elle. « Dans notre village, l’activité principale est l’agriculture. Où irons-nous ? s’interroge-t-elle.

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En plus des victimes, le secteur d’Ankoro dans le territoire de Manono enregistre également des dégâts matériels. Depuis quelques années, ces pachydermes détruisent les cultures. Mwamba wa Mwamba, un autre agriculteur, craint que le village ne soit frappé par une sous-alimentation. Sa ferme de deux hectares a été détruite par les éléphants au courant de la saison passée. Il a ainsi tout perdu et il a abandonné son activité. « Les éléphants causent de gros problèmes, ils dévorent toutes les récoltes. Maïs, manioc, canne à sucre… tout a été détruit », déplore-t-il.

Des appels à la sécurisation de la population d’Ankoro

À Ankoro comme dans les bourgades voisines, les habitants se disent abandonnés par les autorités. Malgré leurs cris de détresse, aucune action n’a été envisagée jusqu’à présent, disent certains. Cependant, les éléphants bénéficient d’une protection spéciale et ils sollicitent l’intervention du gouvernement pour garantir leur sûreté. Fernand Kabi, président de la jeunesse du village d’Ankoro, interpelle de nouveau le gouvernement.

Que l’État congolais assume ses obligations en organisant une opération de refoulement des éléphants qui résident dans notre localité. Il est essentiel de permettre aux habitants de continuer leurs activités sans entrave« , soutient-il.

Ce cri de cœur est également relayé à Lubumbashi par le président de l’association des ressortissants d’Ankoro. Deogratias Mukalay invite le gouvernement congolais à assurer la sécurité de cette population. Selon lui, cinq victimes ont été comptabilisées ces dernières années et il considère cela comme excessif. « Le gouvernement qui assure la protection des éléphants doit aussi garantir la sécurité de la population humaine« .

Le conflit entre la population d’Ankoro et les éléphants dure depuis plus d’une décennie. Un troupeau de ces pachydermes y a trouvé son habitat à plus de 200 km du parc national de l’Upemba. Ce troupeau échappe ainsi au contrôle des écogardes. Rappelons que dans un récent communiqué le parc national de l’Upemba a déclaré que « la présence sédentaire des éléphants à Ankoro est dûe à l’invasion de leurs couloirs de migration ».

Actuellement, la région du Katanga compterait environ 200 éléphants selon les estimations du parc.