RDC-Administration: les AT et les ATA clochardisés

L’administration locale en RDC ne fonctionne pas dans les meilleurs conditions ces trois dernières années. Depuis la nomination et l’installation des administrateurs de territoires, AT, et leurs adjoints, ATA, ces entités sont vouées à leur triste sort. Elles ne bénéficient d’aucune dotation pour le fonctionnement. Aussi leurs animateurs ne touchent pas de salaire.
La situation dure depuis trois ans après la nomination par ordonnance présidentielle des administrateurs de territoires et de leurs assistants. En effet, ces responsables de l’administration locale vivent dans une précarité sans nom, disent-ils. » Nous n’avons pas de frais de fonctionnement » déclare Prince Etuka, AT du territoire de Kabalo en province du Tanganyika. En outre, dit-il, nous n’avons pas des frais d’itinérance. Nous ne bénéficions même pas de rétrocession. Comment pouvons-nous gérer l’administration sans ressources financières ? »
Ailleurs dans la province du Haut Lomami, l’administration locale est confrontée aux mêmes difficultés. « Nous vivons de la mendicité« , déplore Dieudonné Salumu, administrateur du territoire de Bukama. Et d’ajouter » l’AT sollicite les chefs de chefferies et ceux des groupements pour l’appuyer financièrement. » Ce gestionnaire du territoire de Bukama indique également que le gouvernement central avait doter les AT de moyens de transport. En revanche, Kinshasa a omis de leur disponibiliser du carburant, ajoute-t-il.
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Pas de salaire ni de prime
Par ailleurs, les administrateurs du territoire sur l’étendue de la RDC enregistre 30 mois d’arriérés de salaire. Ainsi, depuis leur installation, ils n’ont touché aucun rond. La plupart affirment qu’ils vivent dans la misère. » Le gouvernement avait pris l’engagement de nous octroyer une prime mensuelle en attendant de débloquer les salaires. Là aussi, les AT et les ATA n’ont reçu que 3 mois de prime », indique encore l’autorité de Kabalo. « Le gouvernement central aurait-il oublié ces fonctionnaires », s’interroge un autre administrateur.
Pendant ce temps, un comité des administrateurs de territoire a décidé d’élever la voix. Dans une correspondance adressée au ministre de l’intérieur le 11 aout, ces responsables de l’administration locale ont exprimé leur ralle bol. En effet, les AT et ATA ont annoncé le déclenchement d’un mouvement de grève sur l’ensemble du pays. Cette grève dite » illimitée », devrait débuter le lundi 18 aout. Ils justifient ainsi cette décision par « les conditions inhumaines et dégradantes dans lesquelles ils exercent. »
Pourtant, indiquent-ils, il existe des ordres de payement de la prime du mois d’avril jusque Juin. Mais ces derniers n’ont pas été exécutés. » Ce retard installe un climat de frustration et désespoir parmi les AT et ATA . Ces derniers sont déjà épuisés par une précarité persistante » lit-on dans la lettre.
Grève non observée ?
Le mot d’ordre d’une grève illimitée a-t-il été respecté? En tout cas, dans la région du katanga, les quelques AT contactés par la Magazine n’ont pas répondu à cet appel. A Malemba Nkulu par exemple, l’administrateur du territoire était en mission ce lundi. Au chef lieu du territoire de Pweto dans le Haut Katanga, l’AT était à son bureau ce mardi. Il a d’ailleurs reçu une délégation de la cour des comptes. Dans le territoire de Manono en province du Tanganyika, l’AT était également à son poste ce mardi.
Pour Prince Etuka, AT du territoire de Kabalo dans le Tanganyika, aller en grève risque d’être improductif. En revanche, il appelle le gouvernement central à prendre ses responsabilités. » J’en appelle à la conscience des autorités nationales. Elles ne peuvent pas procéder à la nomination des gestionnaires et ne pas les prendre en charge », dit-il. Pour sa part, l’administrateur du territoire de Bukama se tourne vers le Chef de l’Etat. » Qu’il entende nos cris car nous ne savons pas à quel niveau se situe le blocage. »
En attendant, les responsables de l’administration locale en RDC continuent à prendre leur mal en patience. Les territoires n’ont pas le statut d’entité territoriale décentralisée. Selon la loi de 2010 portant fixation des subdivisions territoriales, le territoire est une entité déconcentrée . Il dépend du gouvernement central et de la province.