RDC-Santé : hypertension artérielle, une épidémie silencieuse

L’hypertension artérielle (HTA) est en train de s’imposer comme un véritable fléau de santé publique en République démocratique du Congo. Aujourd’hui, cette maladie touche près d’un Congolais sur trois. Cette affection chronique évolue ainsi discrètement mais dangereusement.
Selon les estimations du Programme national des maladies cardiovasculaires, environ 30 % de la population congolaise serait aujourd’hui hypertendue. Et ces chiffres sont en forte progression.
En effet, les statistiques montrent une tendance alarmante. En 1987, la prévalence de l’hypertension artérielle était de 14 %. En 2009, elle atteignait déjà 27,6 %, rapporte le programme. Entre 2019 et 2023, l’incidence de cette maladie a encore augmenté . Elle est passée de 13,2 % à 15,2 %.
“Nous assistons à une augmentation du nombre des malades soufrant d’hypertension artérielle. Au service des urgences, près de 70 % des malades développent des complications de l’hypertension », explique docteur Costa Chinzam, médecin à l’hopital Janson Sendwe de Lubumbashi.
Des disparités régionales et d’age
En RDC, la prévalence de l’hypertension artérielle varie selon les villes et provinces. Elle est plus élévée à Lubumbashi. Environ 33,6 % de la population souffrent de cette maladie. La ville de Bandundu enregistre un taux de 34,5 % dont 36,6 % sont des femmes. Elle est suivi de Kisangani avec un taux de 28,3%. En revanche, Goma présente un taux faible, soit 14,6 %. Certaines sources estiment cependant ces chiffres seraient sous estimés.
Les dernières données de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS-RDC 2023–2024) révèlent aussi que les hommes sont plus touchés par cette affection que les femmes. En effet, 9 % des femmes de 15 à 49 ans sont hypertendues. Les hommes du meme groupe d’age par contre, représente 14 %. Ce taux grimpe à 29 % chez les hommes âgés de 50 à 59 ans. Et parmi les personnes particulièrement exposées figurent celles atteintes de diabète de type 2. Plus de la moitié d’entre elles, soit 59,6 % présentent aussi une hypertension.
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Une maladie méconnue et mal prise en charge ?
Les chiffres nationaux sont parlants. Les maladies cardiovasculaires représentent 21 % des décès hospitaliers. De plus, l’hypertension artérielle en elle-même est responsable de 14,7 % des décès liés à ces maladies. Cependant, de nombreux Congolais ne sont pas conscients de leur situation. L’absence de dépistage systématique, le coût des soins, et la faible sensibilisation en font une “épidémie silencieuse”, selon les médecins. Ils affirment que dans la plupart des cas, les malades ne sont pas bien pris en charge.
Au chef-lieu du territoire de Malemba Nkulu par exemple, trois personnes ont perdu la vie cette semaine en raison de cette maladie. Édouard Muba, un enseignant basé dans cette localité, se dit inquiet. » Un infirmier titulaire est décédé brusquement, sa tension artérielle est montée jusqu’à 200. Le second cas concerne un pasteur d’une église évangélique. Il a fait une crise d’hypertension. Plutôt que de se diriger vers l’hôpital, il a décidé d’aller dans une salle de prière où il a finalement perdu la vie. »
Pour le docteur Costa Tshinzam, L’hypertension artérielle en RDC n’est plus un problème individuel, mais un enjeu national. Il est devenu urgent de renforcer les campagnes de sensibilisation. De plus, il souligne la nécessité de promouvoir des dépistages fréquents et de simplifier l’accès aux soins et aux traitements.