Lubumbashi: accès à l’éducation, un défi au village Mawawa

En République démocratique du Congo, la gratuité de l’enseignement de base a été proclamée en 2019. Cette mesure est loin d’être de stricte application dans certaines zones rurales. Le manque d’infrastructures scolaires publiques dans ces milieux reste un frein. Les jeunes en âge scolaire peinent à avoir un accès à l’éducation qui est pourtant essentielle à leur développement. C’est le cas du village Mawawa situé à une dizaine de kilomètres de Lubumbashi où une école de fortune assure l’éducation des enfants.
Au village Mawawa, de la commune Kampemba à Lubumbashi par exemple, une seule école de fortune est opérationnelle. C’est une initiative privée d’une famille. Il est 8 h lorsque nous arrivons dans la cour du collège Heaven. L’établissement est composé de deux locaux. En effet, ce bâtiment de deux pièces était construit pour servir de mise en valeur de la parcelle, indique un membre de la famille.
Les locaux ont été transformés en salle de classe pour répondre au besoin de l’éducation des enfants car le village ne compte aucune autre école. Seule la façade principale est peinte en bleu et blanc. Ce bâtiment offre une visibilité modeste mais très symbolique pour ses élèves et le village. Ainsi, l’école n’accueille que les enfants dont l’âge varie entre 5 et 7 ans. Deux enseignants, dont une femme et un homme, s’occupent d’une dizaine d’élèves. « Nous n’organisons que deux classes. La première et la deuxième année du primaire, déclare Joseph Ntumba, enseignant en deuxième année.
Un collège modeste mais vivant
Ce matin ,6 élèves de la classe de deuxième année primaire sont assis sur des bancs de fortune. Ils sont attentifs à chaque mouvement de leur enseignant Joseph Ntumba. Animé d’une grande passion et motivation, il dispense sa leçon de sciences zoologiques sur les classes des animaux. Hormis les sciences et les autres matières de base, les enfants apprennent également des notions d’anglais. » Nous enseignons avec les moyens du bord, mais l’essentiel est que ces enfants bénéficient d’un apprentissage », déclare l’enseignant.
Dans la salle d’à côté, c’est la classe de première année. Moins de dix jeunes enfants découvrent pour la première fois le tableau noir. Ce jour, ils apprennent une récitation.
Joseph Ntumba déclare que, puisqu’il s’agit d’une école privée, l’éducation dans ce village n’est pas offerte gratuitement. « Normalement dans le milieu rural, l’école ne devait pas être payante. Cependant, puisque ce sont les structures publiques qui bénéficient de la gratuité, nous demandons 5000 FC pour le minerval. Cet argent permet à l’école de se procurer certains matériels. »
La continuité scolaire incertaine
La population du village Mawawa est cultivatrice. Les parents, bien qu’ils soient agriculteurs , restent attachés à l’éducation de leurs enfants. Ils expriment leurs inquiétudes parce que la continuité de l’enseignement n’est pas garantie à Mawawa. Après la deuxième année primaire, chaque parent se débrouille pour envoyer son enfant dans une école située à une heure de marche au quartier Megastore. En revanche, les enfants dont les parents n’ont pas de moyens financiers, s’arrêtent là.
Ce qui expose les garçons à la délinquance. Les filles particulièrement vulnérables encourent le danger de grossesses et mariages forcés. « Dans ce village, l’éducation est difficile. Si l’enfant ne continue pas les études faute de moyens, son avenir est compromis. Nous avons besoin d’une école publique « , déclare Julie Masengo, mère de 3 enfants et habitante du village.
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Le chemin qui mène vers cette école du village Mawawa est étroit, couvert d’herbes et poussiéreux en cette saison sèche. Pendant la saison des pluies, le sentier est couvert de boue. Faute de mieux, les enfants du village Mawawa sont obligés de braver ces conditions environnementales pour apprendre à lire et à écrire.