Lubumbashi : 7 incidents de pollution de CDM rapportés en 8 ans
Depuis 8 ans, au moins un incident de pollution provenant de l’entreprise CDM est rapporté chaque année. Que ce soit les communautés environnantes ou les ONG, toutes dénoncent une gestion non responsable notamment des eaux usées . Et ces voix semblent seulement avoir été entendu en ce début du mois de novembre 2025. Le ministre des mines Louis Watum a suspendu les activités de CDM après qu’un des bassins de retenu ait cédé. Ce qui a entrainé des conséquences écologiques graves.
La première dénonciation des habitants des quartiers Kasapa et kamatete remonte au 22 decembre 2017. Ces populations se plaignent déjà des inondations de leurs maisons par des eaux provenant de l’usine de l’entreprise Congo DongFang mining, CDM
‘’Après le passage de ces eaux, une couleur blanchâtre reste coller sur les plantes de certains jardins du quartier’’, témoigne un habitant . Le chef du quartier de l’époque , Josué Ndayi, reconnait cette situation. Par ailleurs, il sensibilise ses administrés à creuser les caniveaux afin de canaliser les eaux de ruissellement.
Une pollution qui dure
Cinq jours plus tard, soit le 29 décembre de la même année, l’entreprise CDM réagit aux accusations de pollution portées contre elle. La société demande l’expertise de la division de l’environnement minier pour statuer sur les plaintes des riverains. En février 2018, la tension persiste entre les communautés et la société minière CDM. Les accusations s’amplifient également. Une année plus tard, soit en février 2019, ce sont les habitants du quartier Kamatete qui montent au créneau. De plus, les mêmes réclamations reviennent.
»A chaque tombée de la pluie, la société ouvre ses vannes et évacue l’eau de ses bassins de décantation, disent-ils.
Ces faits sont également rapportés des acteurs de la société civile après une étude menée en 2020 et début 2021. Et en 2024, alors que l’usine est transférée au village Kawama, la société est de nouveau accusée de pollution de l’air.
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Une solution qui n’en est pas une
Pour tenter de mettre fin à ce qu’on pouvait qualifier de tension , la société CDM se résout en 2018 à construire des canalisations. Elles doivent drainer les eaux provenant de ses installations. En effet, ce travail a commencé et s’est poursuivi en 2019. L’entreprise a creusé des canalisations de part et d’autre de la route qui part de son usine vers la rivière Kamatete. Cependant, ces drains n’ont pas été construit. Ainsi, la pression de l’eau n’a fait qu’agrandir la profondeur de ces caniveaux, rendant parfois difficile l’accessibilité à certaines habitations.
Par ailleurs, les inondations des maisons et des parcelles persistent surtout en saison des pluies. Ainsi, ce qui a apparu comme une solution, n’en est pas une. Les habitants des quartiers environnant l’usine ne cessent de dénoncer la pollution de l’eau, du sol et même celle de l’air.
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Afrewatch mets le doigt où ca fait mal
Au vue de la persistance des plaintes , l’ONG Afrewatch a mené une étude approfondie sur les accusations de pollution portée contre CDM. En février 2022, l’ONG rend public un rapport accablant sur l’impact environnemental des activités minières de CDM.
Les chercheurs d’Afrewatch ont d’abord visité les trois quartiers afin de vérifier les allégations de la population. Et le constat est sans équivoque. » Pour se débarrasser des grandes quantités d’eau que regorge sa concession , CDM a créé plusieurs canaux. Ils traversent les murs de la partie sud de sa concession. Les quantités d’eaux ainsi libérées se rependent dans toutes les parcelles qui sont placées derrières ses usines jusqu’à la prison centrale de la Kasapa », indique cette ONG.
En outre, les analyses des échantillons de l’eau et du sol prélevés dans les quartiers Kasapa, Kamatete et Kamisepe prouvent une pollution minière. Selon l’ONG Afrewatch , les analyses du sol ont démontré des taux très élevés de cuivre, Zinc, Plomb et Nickel, dépassant de loin les valeurs acceptables. Aussi dans les échantillons de l’eau, on a noté la présence du mercure et du Nickel. Leurs taux étaient largement supérieurs aux valeurs recommandées par l’OMS. »
CDM soutient toujours le contraire
Face à ces multiples accusations, l’entreprise CDM a toujours balayé toutes les allégations.
« Ce sont des accusations qui sont tout à fait fortuites. Nous sommes une entreprise qui respecte les normes environnementales . Nous sommes une entreprise qui respecte notre étude d’impact environnemental, déclarait de Crispin Kakunda, le chef du personnel de CDM en 2017
Une année après, le service de l’environnement de la société soutient qu’elle a un plan de gestion de ses eaux. »L’entreprise n’évacue jamais ses eaux usées vers la population locale. Les eaux usées après traitement des minerais, sont gardées en circuit fermé », a déclaré Jean-Pierre Kasewe, le chargé de l’environnement à CDM
Et très récemment en 2024, le groupe Zhejiang Huayou Cobalt’s a affiché la même attitude. Il répondait au média Mines.cd sur les accusations de pollution de l’air au village Lukuni près de Kawama. C’est ici où est installée la nouvelle usine. » CDM organise chaque année des audits internes sur la pollution environnementale liée à la production afin d’améliorer continuellement la gestion des performances, dit-il.
Laxisme de l’autorité ?
C’est donc depuis près de 10 ans qu’un désastre environnemental dure. Cependant, l’autorité tant nationale que provinciale n’avait pas pris de mesure visant à protéger les populations.
Pour chaque dénonciation, une commission d’enquête était mise en place au niveau provincial. Cependant, les conclusions n’ont jamais été rendues publiques. De plus, aucune sanction n’était prise contre l’entreprise, a déploré l’ ONG Afrewatch dans son rapport. ‘‘La Société CDM continue à exercer ses activités en violation des droits humains, tout en polluant l’environnement. Et ce, sans être interpellée tant par les autorités provinciales que nationales.’‘
Il a fallu attendre le dernier incident du 04 novembre 2025 pour voir le ministre des mines suspendre les activités de CDM. C’est donc une première. La société civile du Haut Katanga ,pour sa part, exige une indemnisation des communautés impactées par la pollution.

