Lubumbashi: le HCDH pour un plaidoyer renforcé en faveur des PVH

Lubumbashi: le HCDH pour un plaidoyer renforcé en faveur des PVH

Le Bureau du Haut Commissariat pour les droits de l’homme (HCDH) à Lubumbashi a organisé, du 4 au 5 décembre 2025, une formation dédiée aux fondamentaux du plaidoyer en faveur des personnes vivant avec handicap. Pendant deux jours, les participants ont échangé, appris et partagé leurs réalités. Ils ont également identifié les problèmes spécifiques qui les minent. Ils ont également suggéré des solutions et dressé une cartographie des acteurs en vue d’une action de plaidoyer. 

Au cœur de ces discussions, l’intervention de Maître Gaston a marqué les esprits. Dès ses premiers mots, il rappelle une vérité simple : « Un droit existe seulement quand quelqu’un le revendique. » En effet, la RDC possède une loi qui protège les personnes vivant avec handicap. Le pays a aussi ratifié la Convention internationale. Tout semble en ordre sur papier. Mais Maître Gaston pose une question qui dérange : « Est-ce que ces droits changent réellement votre vie ? ». Les obstacles restent nombreux. Les bâtiments ne s’adaptent pas. Les services publics excluent encore. Les discriminations persistent. Le formateur résume : la loi existe, oui. Mais son application n’avance pas.

Sur un autre chapitre, Boniface Monga, chef de division des droits humains, rappelle que conformément à la convention des droits humains et à la constitution, une égalité devant la loi est instaurée. Pour lui, tous doivent bénéficier de l’égalité des chances. « Ceci veut dire que nous devons tous avoir les mêmes opportunités, quelle que soit notre condition physique » ; il évoque par exemple le manque de diversité dans l’accès aux postes politiques. Il a également insisté sur un autre point. Il s’agit de l’accessibilité. « Certains bâtiments comme le gouvernorat sont inaccessibles aux handicapés moteurs. Pour lui, les PVH doivent avoir accès à l’éducation, à l’emploi et aux soins de santé.

Maitre Joseph Kongolo, coordonnateur de la commission des droits de l’homme, a quant à lui insisté sur l’inclusivité sociale. Pour lui, les PVH ont également une responsabilité. celle de ne pas être dans la posture des victimes.   Ainsi, selon la loi, les PVH ont besoin d’une protection spécifique. Cependant, malgré la loi, aucune disposition n’est prise.

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 Des besoins urgents, des vies en danger.

Si la loi existe en RDC, cependant, les PVH ont des besoins particuliers. Ils sont souvent victimes des discriminations et d’exclusion dans la société. De plus, chaque groupe a ses problèmes spécifiques.  C’est le cas des personnes vivant avec albinisme. Elles demandent des soins spécialisés. Elles ont besoin de crème solaire. De plus, elles doivent se protéger du soleil. Et lorsqu’elles n’y arrivent pas, les cancers de la peau se multiplient.

Pour les handicapés moteurs, la situation est également grave. Une orthèse coute 100 $ alors qu’une prothèse coûte 1 000 dollars à Lubumbashi. Pour la majorité des familles vivant dans la précarité, ce montant est hors de portée pour cette catégorie de personnes. C’est la raison pour laquelle certains doivent se traîner pour se déplacer. Conséquence : nombreux demeurent confinés et dépendants.

Pour les aveugles et les sourds-muets, le système scolaire n’est plus adapté à leurs besoins. Il n’existe pas suffisamment de structures spécialisées pour leur éducation.

Le plaidoyer : une stratégie pour changer les choses

Pour maitre Gaston, le plaidoyer est la stratégie par excellence pour trouver des solutions à leurs multiples problèmes. Maître Gaston détaille ensuite les étapes d’un plaidoyer efficace. Il parle d’organisation, de message clair, de choix des autorités à cibler. Selon lui, le plaidoyer doit provoquer un changement. Il répète : « Le plaidoyer ne cherche pas la pitié. Il cherche la justice. »

Après plusieurs échanges, une série de priorités apparaît : assurer la gratuité des soins pour les personnes vivant avec albinisme ; créer des écoles spécialisées et renforcer l’inclusion dans les écoles ordinaires ; réguler le secteur des prothèses et orthèses, devenu trop cher ; améliorer l’accessibilité dans les bâtiments publics ; installer des mécanismes de suivi permanents. Chaque proposition traduit une urgence et un espoir.

Une dynamique collective se met en place.

En clôturant les travaux, les participants expriment leur volonté d’avancer ensemble. La Journée internationale des personnes handicapées tombe au même moment. Elle offre une occasion d’agir. Maître Gaston les encourage. « Peut-être que vous ne verrez pas tous les changements. Mais les générations futures retiendront que vous avez ouvert la voie. »