Haut-Katanga : la gouvernance minière avance, mais sans les femmes
Dans le Haut-Katanga, la dotation minière de 0,3 % devait renforcer la participation citoyenne. Elle devait aussi rapprocher les communautés des décisions qui orientent leur développement. Mais sur le terrain, un constat s’impose : les femmes restent encore en marge des organismes spécialisés (OS), malgré leur rôle central dans la vie sociale des territoires miniers. Dans le Haut-Katanga par exemple, les femmes ne représentent que 22 %.
Et c’est cette absence qui freine l’ambition du mécanisme. Une dotation pensée pour tous, mais gérée par les hommes. La loi prévoit que chaque DOT se compose de 12 membres venus des communautés, des autorités locales, des services techniques et des entreprises minières.
En théorie, chaque composante peut désigner une femme. En réalité, cette possibilité s’efface très vite. Dans la province l’étude d’African Women for Natural Resources (AWNR) montre des chiffres qui parlent d’eux-mêmes. Dans la province du Haut-Katanga sur un total de 288 postes, les hommes occupent 220 postes et les femmes, 66 postes. Quelques DOT comptent quatre ou cinq femmes », indique le rapport. D’autres n’en ont pas du tout. Cette situation souligne la même vérité : la gouvernance demeure un domaine dominé par les hommes.
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Pourquoi les femmes demeurent-elles en arrière-plan ?
Pour cette ONG, beaucoup de choses concourent au fait que les femmes restent en arrière-plan. Il s’agit premièrement des critères de choix peu clairs. Cette ONG indique par exemple que des règles de nomination restent peu connues par les communautés, la sélection se fait toujours sur des profils familiers. Ainsi les mêmes profils reviennent. Encore et toujours.
Un point de vue que partage Maitre Sylvie Kolomonie, présidente de l’ONG La Voix des sans-voix. Pour elle, les femmes sont sous-représentées dans le secteur. Et de ce fait, elles n’ont pas assez d’opportunités pour une représentation équitable dans les organismes comme ceux-là.
L’ONG évoque aussi un cadre juridique qui n’impose rien. Par exemple, le Code minier ne fixe aucun quota. Sans obligation, les autorités reproduisent les pratiques anciennes. Et l’exclusion persiste. De plus, il a aussi des normes sociales lourdes. Dans plusieurs villages, la gestion minière reste perçue comme « l’affaire des hommes ». Une femme qui se présente pour représenter sa communauté doit affronter la méfiance. Parfois le rejet.
En outre, il y a un déficit d’information et de formation. Les femmes qualifiées existent. Mais les communautés ne les identifient pas toujours. Le manque de formation citoyenne et technique renforce l’écart. Conséquences : des projets qui ignorent les réalités des femmes.
Quand les femmes ne siègent pas, leurs priorités disparaissent des discussions : accès à l’eau, sécurité autour des carrières, santé maternelle, infrastructures scolaires, activités génératrices de revenus. Pourtant, ce sont elles qui supportent la plus grande part des conséquences de l’exploitation minière. Elles transportent l’eau, s’occupent des enfants malades. De plus, elles gèrent les foyers affectés par la poussière, les pollutions ou l’insécurité. Sans leur voix, la dotation perd de son sens.
Un moment décisif : plusieurs DOT arrivent en fin de mandat.
Les OS créés entre 2022 et 2024, dont KCC, TFM, MUMI, COMMUS, SICOMINES, RUASHI Mining et d’autres, arrivent en fin de cycle. Cette transition ouvre une fenêtre unique pour corriger la trajectoire. Les communautés l’attendent, les femmes aussi.
L’étude propose des pistes claires : atteindre 40 % de représentation féminine dans chaque OS, exiger la publication des données genre, conditionner la signature des arrêtés à une composition équilibrée, renforcer la sensibilisation communautaire, surveiller de manière indépendante la participation des femmes.
La dotation de 0,3 % peut devenir un outil puissant. Elle peut financer l’avenir. Elle peut transformer les communautés. Mais pour réussir, elle doit inclure celles qui portent la vie sociale du Haut-Katanga : les femmes. Sans elles, la gouvernance reste incomplète. Avec elles, le développement devient réel, humain et partagé.

