RDC: quid de la connaissance de la loi sur le numérique

RDC: quid de la connaissance de la loi sur le numérique

Alors que la violence numérique contre les femmes et les jeunes filles prend de l’ampleur en RDC, les défenseurs des droits humains alertent sur l’écart entre les textes juridiques et leur application. À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, les acteurs de la société civile appellent à renforcer la sensibilisation. Mais aussi à mieux faire connaître la loi sur le numérique, encore largement ignorée du public.

La Journée internationale des droits de l’homme, célébrée à Lubumbashi ce 10 décembre sous le thème « Tous unis pour mettre fin à la violence numérique contre les femmes et les jeunes filles », les activistes des droits de l’homme ont tiré la sonnette d’alarme face à l’ampleur croissante des abus en ligne. Parmi eux, Timothée Mbuya, président de Justicia ASBL, a dressé un constat sombre sur la situation des droits des femmes et des jeunes filles dans l’espace numérique en RDC.

Selon lui, malgré des avancées notables sur le plan juridique, les progrès restent encore largement théoriques. « Les acquis en matière de droits de l’homme, spécialement pour les femmes et les jeunes filles, demeurent développés au niveau des textes, mais peinent à se traduire dans la pratique », explique-t-il. Cependant il déplore que la protection promise par la loi ne se reflète pas encore dans le vécu quotidien des victimes. Celles-ci sont souvent livrées à elles-mêmes face au harcèlement. Elles font également face aux menaces, et surtout à la diffusion non consentie d’images intimes.

La loi numérique est encore peu connue en RDC.

Pourtant la RDC s’est dotée en 2023 d’une loi sur le numérique. Une législation moderne censée encadrer les comportements en ligne et réprimer les dérives. Mais dans les faits, souligne maître Mbuya, cette loi reste méconnue du grand public. « Ici en RDC, cette loi ne semble réellement s’appliquer que lorsqu’il y a diffamation envers une autorité. Pour le reste, notamment les vidéos intimes de femmes qui circulent librement, l’application demeure très faible. Beaucoup de femmes ignorent même l’existence de cette loi », déplore-t-il.

Ce manque d’application de la loi expose des milliers de jeunes filles à des violences souvent silencieuses mais profondément destructrices. Le manque d’information, d’accompagnement et de recours accessibles contribue à aggraver leur vulnérabilité. Face à cette situation, cet activiste de droits de l’homme recommande de multiplier les actions de sensibilisation. « Que des séances d’information soient organisées dans les écoles, les universités. Aussi les centres de formation et les milieux communautaires afin de permettre aux jeunes filles de connaître leurs droits. Également d’identifier les violences numériques et de savoir comment se protéger et dénoncer les abus », indique-t-il.

Lire aussi: Lubumbashi : ces femmes vivant avec un handicap qui survivent.

La nécessité d’une mobilisation collective

Cette 77ᵉ Journée internationale des droits de l’homme organisée par la cohorte de députées femmes et le collectif des associations des droits de l’homme vient rappeler l’importance de renforcer la protection des femmes et des jeunes filles dans l’espace numérique. Les constats partagés et les recommandations formulées invitent à une réflexion collective. Celle-cihomme va porter sur les moyens d’améliorer la connaissance des lois existantes et de prévenir les violences en ligne.

Les différents acteurs concernés sont interpellés sur la nécessité de poursuivre les efforts engagés afin de garantir un environnement digital sûr pour toutes les femmes. « Nous sommes ici aujourd’hui pour nous rapprocher de la société civile. Nous voulons qu’ensemble nous, nos législateurs et la société civile puissions lutter pour protéger et garantir les droits des femmes. Non seulement en ligne, mais surtout les plus jeunes abandonnées sur la route », déclare Liliane Komba, vice-présidente de l’assemblée provinciale du Haut-Katanga.