Belgique-RDC : Au sujet de la restitution d’objets d’arts aux congolais , le professeur Donatien Dibwe s’exprime

Belgique-RDC : Au sujet de la restitution d’objets d’arts aux congolais , le professeur Donatien Dibwe s’exprime

Samedi 08 décembre 2018, le Musée royal d’Afrique centrale de Tervuren  rouvert ses portes au Public. Cette institution appelée désormais ‘’ Musée d’Afrique’’ compte une réserve des  120 000 objets ethnographiques collectés entre la fin du XIXe siècle et l’indépendance du Congo belge, en 1960, 10 millions de spécimens zoologiques, 3 km d’archives historiques, 1 km d’archives minières,2 500 cartes historiques, 15 000 minéraux…

À ce*tte occasion, La Guardia Magazine vous propose l’Interview du professeur Donatien Dibwe, professeurs des universités, historien et enseignant à l’université de Lubumbashi

 PK : Vous êtes historien, vous avez assisté à l’inauguration du Musée rénové qui s’appelle désormais ‘’ Musée d’Afrique’’. Cette manifestation remet sur la table la question de la restitution par la Belgique des ossements  humains et des artefacts pillés, volés, extorqués, saisis au Congo…. Du côté de la Belgique, l’on entend dire que la RDC n’a jamais fait de demande de restitution. Est-ce  vrai ?

Professeur Donatien Dibwe,: Il y a eu plusieurs démarches au Congo afin d’obtenir une restitution de ces artefacts. La première démarche a été celle des ‘’ Sans voix’’, des propriétaires. Lorsqu’on a arraché une statuette qui avait le rôle de protecteur d’un village, d’une communauté, d’une tribu….. On vous l’arrache, cela signifie que cette communauté est  en insécurité. Ces premiers propriétaires ne restaient pas bars croisés et laisser leur protecteur partir, ils réclamaient qu’on leur restitue cela. C’était déjà un mouvement de revendication. Mais ces personnes étaient des ‘’Sans voix’’, personne  ne les écoutait. À la place, on les menaçait, on les mettait en prison et finalement, ils se sont tus.

Ces réclamations ont été suivi par celles des certains chefs coutumiers tel qu’au Bas Congo ou le chef exigeait le retour du ‘’Nkishi’’.

Puis du haut de la tribune des Nations Unies en 1973, le président Mobutu avait la demande de la restitution du patrimoine culturel. Le directeur du Musée de Tervuren nous a dit que son institution avait restitué au Congo une centaine d’objets ethnographiques et puis le processus s’est estompé. Depuis quelques années des nouvelles voix s’élève notamment dans le monde artistique pour défendre cette cause. Le principe est acquis. Tout le monde veut voir nos œuvres rentrer chez nous. Nous voulons qu’on nous restitue nos objets, nous allons compléter ce qui manque dans nos musées, nous allons construire d’autres Musées, ça fait partie de notre histoire.

PK : le Directeur du Musée d’Afrique estime que jusques là, la RDC n’a pas d’infrastructures pour pouvoir accueillir des objets, il faut donc penser à des prêts temporaires, à des expositions tournantes…. Quelle est votre réaction

Prof Dibwe : Ce n’est pas son problème si la RDC na pas d’infrastructures. Ce que nous voulons est qu’on nous restitue d’abord nos objets, nous saurons comment les disposer. Il faut que le principe soit d’abord acquis. À Kinshasa, il y a le Musée que construisent les Coréens et qui est pratiquement terminé. S’il l’on prend les 85 .000 objets qui se trouvent actuellement au Mont Ngaliema pour les conserver dans ce nouveau Musée, il y aura donc de la place dans l’ancien Musée. Et puis au Musée de Lubumbashi, il y a des objets qui manquent, on peut compléter la série. Et le pays peut rendre disponible certains établissements pour y conserver des objets en attendant que l’on construise des nouveaux Musées. Donc, le Directeur du Musée d’Afrique à Tervuren, Mr Guigo Gryseels n’a pas à réfléchir à notre place et dire que non, il n’y a pas d’infrastructures…. Les infrastructures, on peut les rendre disponible.

PK : au  Musée des sciences naturelles en Belgique, on y retrouve des ossements humains des Congolais tués lors des expéditions. L’un des cas emblématiques est celui du Crâne du chef Lusinga , un chef Tabwa., les Congolais revendiquent leur retour ?

Prof Dibwe : Les ossements humains, il faut qu’on les retourne chez nous, qu’on les enterre dignement. Vous savez qu’en Suisse, il y a aussi des ossements des pygmées Congolais. On les a mis à la disposition de l’Université de Lubumbashi. La Suisse prétend aussi qu’on n’a pas d’infrastructures, et elle garde ces ossements pour nous… Il faut souligner qu’il y a aussi la question des archives sur le Congo. Ce n’est pas normal qu’on fasse des milliers des kilomètres pour venir consulter des archives en Belgique. Ce qui est du moins positif est le Musée s’est engagé à digitaliser ces archives et nous les envoyer au Congo, c’est déjà un pas.

Avec Pierrette Kisimba

 

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