Union Sacrée Katanga, la guerre des clans Guylain – Dany fait rage

Union Sacrée Katanga, la guerre des clans Guylain –  Dany fait rage

L’élection du gouverneur du Tanganyika a fait ressortir une discrète  guerre  de palais. Des premiers couteaux du chef de l’état, s’affrontent avec une main de fer dans un gant de velours. L’enjeu est le poids politique  que chacun voudrait faire prévaloir auprès de Félix Antoine Tshisekedi .Cela dans la perspective des élections de 2023 .Dany Banza l’ambassadeur itinérant , semble avoir un coup d’avance sur Guylain Nyembo le directeur de cabinet du chef de l’état. Mais ce dernier n’a pas encore dit son dernier mot.

L’élection du gouverneur du Tanganyika qui a eu le 6 mai dernier, fait encore parler jusqu’à ce jour. Les péripéties qui ont entouré ce scrutin, sont dignes d’un film hollywoodien .Par conséquent , le vrai se mêlait au faux .Des intimidations, des astuces, des manigances, tout était bon pour gagner la partie. On parle même de députés provinciaux qui auraient été retenu dans un hôtel chic, jusqu’au jour du vote .Au final, c’est Julie Ngungwa qui est élue gouverneur de province. Elle obtient 14 voix sur 25.  L’un de ses adversaires affiche 10 sur 25.

Ce score serré montre clairement que la lutte était âpre . C’est le camp de Guylain Nyembo qui l’a emporté sur le fil. Il est natif de la province du Tanganyika .De plus , il  n’aurait certainement pas accepté d’être battu sur son propre terrain. Sa candidate est de l’ UDPS . Il est vrai que depuis la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle ce parti politique se déploie en profondeur .Mais il est loin d’être la force dominante du Tanganyika et encore moins du Grand Katanga.

La guerre des clans

En face de Guylain Nyembo, il y a Dany Banza . Bien qu’il  ne soit pas passé aux dernières élections, Dany Banza pèse lourd sur l’échiquier politique congolais. Il a été élu deux fois  comme député dans la circonscription de Likasi dans le Haut Katanga. Il a été nommé ambassadeur itinérant , bien avant Ghislain Nyembo ne soit DIRCAB du chef de l’état. Ce qui lui donne une longueur d’avance sur le plan national. Dany Banza est né   au Katanga .Il y a grandi. Il a fait son parcours et ses affaires au pays. Il a un gros carnet d’adresse.

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Par contre ,  Guylain Nyembo a vécu pendant plusieurs années à l’étranger . Il est donc en quelque sorte en apprentissage de la real politik à la congolaise. Conscient certainement qu’il a un train de retard, le DIRCAB du chef de l’état avance à la vitesse grand V. Il procède actuellement à l’installation d’une structure dénommée « Dynamique Guylain Nyembo ».Elle rassemble ceux qui se reconnaissent de son obédience. Certains d’entre eux, ne manqueront pas de postuler aux prochaines législatives. C’est là que se trouve le véritable enjeu. Félix Tshisekedi qui s’est déjà déclaré candidat à la prochaine présidentielle, a besoin de personnes qui pourront lui apporter une majorité parlementaire.

Ici également Dany Banza semble bien positionné. Dans le Haut Katanga, dans le Lualaba, dans le Haut Lomami, plusieurs hauts cadres politico administratifs, se sont rapprochés du parti ACCO dont il est  président. Certains d’entre eux, ont déjà pris la carte du parti, sans l’annoncer avec tambour et trompette .Le DIRCAB  lui est cadre de l’UDPS .Il n’a encore rien dans son escarcelle .Il a bien intérêt à le remplir d’élus qui se reconnaissent en lui. Ce qui pourrait être le cas en 2023 .Ce qui  donnera l’influence et le poids  politique tant recherché.

Un monstre à plusieurs têtes  

Pour le professeur Joseph Mudimbi de la faculté des sciences politiques et administratives de l’université de Lubumbashi, cette situation  de lutte intestine, dénote d’un manque d’unité de commandement. « il y a plusieurs centres d’impulsion à l’Union Sacrée. Il y a une nette différence avec l’ancien pouvoir où il y avait une hiérarchie  bien déterminée» .Selon lui il  y a comme un manque de dénominateur commun. Ce qui est bien dommage pour une plate-forme  qui est au pouvoir. Pour le professeur Mudimbi ,ce bras de fer entre membre d’une même famille politique, est aussi la manifestation d’une lutte pour des intérêts personnels et non pour le bien commun. « Dans ces conditions le slogan le peuple d’abord, risque bien d’être un vain mot » conclut t il.

Interventionnisme de Kinshasa

Modeste Kabazi,le président de la société civile du Tanganyika estime que la tension qui a prévalue lors de cette élection et juste après  ,n’a pas d’impact négatif sur le vécu de la population. Pour lui, les tiraillements  entre humains existeront toujours .Il n y a donc pas lieu d’en faire un drame. Il regrette cependant l’interventionnisme de Kinshasa dans des affaires qui peuvent être réglées au niveau provincial. « je ne vois pas pourquoi Daniel Aselo,le ministre de l’intérieur a convoqué à Kinshasa les uns et les autres. Pour un tel différent, la constitution ne mentionne nulle part que c’est le ministre de l’intérieur qui doit faire un arbitrage. La province peut gérer les tensions qui peuvent naitre par moment. C’est ce qui a été fait. Pour le moment, chacun vaque à ses occupations habituelles. »

Ce n’est pas que dans la province du Tanganyika où le jeu d’influence et de positionnement se fait remarquer .Dans le Haut Katanga par exemple deux personnes revendiquent la coordination de l’Union Sacrée. Le gouverneur Jacques Kyabula agit en tant que coordinateur de l’Union Sacrée au niveau du Haut Katanga. Jean Claude Muyambo déclare qu’il est à la tête de cette plateforme dans le grand Katanga, le Haut Katanga compris. Ce que plusieurs partis ne lui reconnaissent pas.

Cet imbroglio laisse perplexe les observateurs extérieurs .Surtout que la hiérarchie de cette plate-forme à Kinshasa ne semble pas pressé d’éclaircir les choses.

PAUL PIERRE K.