Haut Katanga: les terres agricoles des paysans sécurisées

Haut Katanga: les terres agricoles des paysans sécurisées

L’Assemblée provinciale de Haut Katanga a voté ce jeudi 29 juin 2023 l’édit portant sécurisation des terres agricoles de petits paysans. Une initiative du bureau diocésain de développement de l’archidiocèse de Lubumbashi. Plusieurs paysans ont exprimé leurs satisfactions quant au vote de la nouvelle disposition.

Cette initiative   a pour objectif de trouver les solutions durables aux problèmes de délocalisation et d’accaparement des terres agricoles des petits paysans. D’après Lucienne Buendwa, les agriculteurs étaient victimes de délocalisation, à cause de l’exploitation minière. Lorsque le gouvernement veut octroyer les carrés miniers aux particuliers, les cultivateurs sont les premiers à être déplacés. À cela s’ajoute le phénomène d’accaparement des terres par ceux qui ont plus des moyens financiers. Ainsi,  les villageois se retrouvent sans terres pour cultiver. Pourtant, dit Lucienne Buendwa, 70% de la population vit de l’agriculture.

Cet édit va apporter plusieurs avantages dans la pratique culturale des paysans. C’est notamment la détermination des terres agricoles. « Bien que nous soyons dans une zone minière, grâce à  l’édit, on saura qu’à tel endroit ce sont des terres agricoles qui ne peuvent pas être destinées à autre chose. Cet édit permettra de sécuriser et encourager les producteurs. Car le fait de les déplacer chaque fois les décourage. Cette disposition permettra d’avoir un cadastre agricole, qui va gérer, protéger et sécuriser les terres agricoles, surtout pour les petits paysans ».

Des certificats octroyés aux paysans

Maitre huissière Sylvie Nkolomoni a été associé à cette initiative comme experte. Celle-ci a accompagné cette action depuis l’écriture  du projet dudit édit jusqu’au vote. Sylvie Nkolomoni est très heureuse de voir l’édit être voté à l’assemblée provinciale car dit-elle, ce n’est pas la première fois de vivre cette expérience. Commencer avec une idée, faire de ça un projet et aboutir.

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Très confiante, Sylvie Nkolomoni à l’assurance que désormais les paysans sont sécurisés. « Lors des travaux préparatoires de l’édit, l’université de Lubumbashi à travers la faculté de l’économie est venue avec des propositions allant dans le sens de donner aux petits agriculteurs des certificats. Ceci fera en sorte que ces paysans deviennent des propriétaires à vie de leurs terres. Mais, sachant que le sol et le sous-sol appartiennent à l’État. Et, que la RDC a un droit moderne qui reconnait le pouvoir coutumier en établissant les documents qui peuvent être des preuves que l’on peut présenter devant le juge ou ceux qui peuvent tomber dans des infractions  ».

Les paysans se sentent protéger

Du côté des paysans, c’est une grande satisfaction et un grand soulagement. Dieudonné Kabango, président de l’union des producteurs agricoles indique que cet édit constitue une protection pour leurs terres. « Plusieurs fois, nous avons été victimes des délocalisations. Ceux-là qui s’estiment grand dans ce pays nous ravissaient nos terres et nous, on ne savait comment nous en sortir. Alors, je suis content par ce que nous sommes enfin protégés. Chaque fois que nous serons victimes, l’édit va nous protéger. Nous faisons confiance au gouvernement pour la mise en application ».

Il était difficile de cacher sa joie. Car celle-ci était visible au visage d’Astride Ngalula cultivatrice au village Shinga quand il a vu le vote de l’édit. « Je bénis Dieu pour le vote de cette disposition qui va sécuriser nos champs, et nos familles seront stables. Nous avons beaucoup souffert à cause des délocalisations. Aujourd’hui le gouvernement peut venir vous dire quitter ici, allé là-bas, demain les mêmes personnes viennent encore vous déplacer pendant que vous êtes en train de tout recommencer pour vous stabiliser »

Il faut dire que cet édit a 26 chapitres. La disposition a été votée par tous les 37 députés présents à la plénière.  Il n’y a pas eu d’amendements, à part quelques correctifs et observations faites sur  quelques articles. À noter également que l’Edit a connu aussi l’accompagnement de la commission Nationale des Droits de l’homme section du Katanga.