Ruashi: Des populations exposées à la pollution de l’air

Ruashi: Des populations exposées à la pollution de l’air

La commune de la Ruashi à Lubumbashi abrite deux entreprises d’exploitation minière. Il s’agit de Ruashi Mining et Chemicol of Africa, Chemaf. Aujourd’hui, des centaines de familles vivent dans le périmètre voisin des deux mines. Vivre dans ce rayon rime avec l’aspiration d’un air dont la qualité inquiète les populations. Et les communautés riveraines de l’exploitation minière dans la commune de la Ruashi redoutent des conséquences sur le plan sanitaire. 

Assise au bord de la route Luano à moins d’un kilomètre de la mine de l’Étoile, madame Marthe, âgée de plus de 50 ans, vend du manioc grillé. Elle passe toutes ses journées ici pour assurer la survie de sa famille. Sur la route Luano, le trafic est intense. Des camions de l’entreprise Ruashi Mining font du va et vient entre la mine et l’usine située à plus de 5 km. En effet, aspirer la poussière provenant non seulement de la mine, mais aussi du transport des minerais, est le lot quotidien de madame Marthe.

« Je ne sais pas quel est mon état de santé actuellement. Suis-je déjà malade ? Je n’attends que la mort, que voulez-vous ? En fait, j’ai des difficultés à respirer, surtout en cette saison où tout est sec. Je suis consciente que l’air que je respire n’est pas pur. Mais je ne sais pas comment me protéger. « En plus, je ne peux pas abandonner mon activité, c’est ma seule source de revenu. »

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À quelques 5 mètres de là, Monsieur Deka tient une petite pharmacie. Tous les cartons des médicaments sont couverts de poussière. Pourtant ces produits sont censés soulager les malades. Elle, également, estime que la qualité de l’air dans cette partie de la commune n’est pas bonne.  » Mes clients se plaignent souvent d’une toue sèche et très prolongée. C’est la conséquence de la poussière. Sûrement qu’elle contient des particules de minerais. Nous sommes exposés à la pollution de l’air.

Exposé aussi au gaz provenant de la dynamite.

L’exposition à la poussière n’est pas le seul problème lié à la qualité de l’air dans la commune Ruashi. Il y a en outre le gaz provenant de la dynamite, explique Christophe Kabwika, président du comité local de développement.

À titre d’exemple, lorsque l’entreprise Ruashi Mining procède à l’opération de minage, elle enfouit dans le sol des explosifs. C’est entre 50 et 60 kg par endroit. Or, le minage peut s’étendre sur un espace qui compte 300 trous. Ce qui équivaut à environ 18 tonnes d’explosifs enfouis dans le sol. Quand tout cela explose, la dynamite libère un gaz qui se répand dans l’air. Ce gaz rencontre la poussière qui, elle aussi, contient des particules de métaux. Ainsi, lorsque nous respirons, nous sentons un picotement au nez. C’est un indicateur que l’air n’est pas de bonne qualité. Et cette opération est régulière, c’est deux à trois fois par semaine. 

Pour le professeur Banza Lubaba, toxicologue, les communautés vivant non loin de la mine de Ruashi sont vulnérables. Elles risquent de développer principalement des maladies respiratoires.  » Les particules fines des minerais qui sont suspendues dans l’air vont se déposer dans les poumons. Elles provoquent des maladies qui peuvent aller jusqu’au cancer et c’est mortel. »

Il faut noter que selon l’organisation de coopération et développement économique OCDE, la pollution atmosphérique est le principal risque environnemental pour la santé. Elle est aussi une cause majeure de dégradation de l’environnement. De plus, elle est à la base de la mort prématurée dans le monde. Ainsi, l’OCDE estime urgent de lutter contre cette pollution en trouvant des moyens durables de faire face aux pressions de l’activité économique.