RDC-Mines: Déchéance de 8 permis d’exploitation du groupe ERG
Depuis plus d’un mois, deux entreprises du groupe ERG-Africa basées en RDC sont frappées par la déchéance des droits miniers. Il s’agit de Boss Mining, installée à Kakanda dans le Haut Katanga. Ensuite, la décision cible l’entreprise COMIDE dans la province du Lualaba. Le ministère des mines reproche à ces entreprises minières le retard dans la signature des cahiers des charges tel qu’exige le code minier. Mais pour l’ONG Justica, les motivations de ces mesures seraient un conflit d’intérêt.
En effet, le ministère des mines a depuis le 31 juillet dernier rendu public 28 arrêtés. 8 d’entre eux sont relatifs à la déchéance des droits miniers de deux entreprises du groupe ERG. Première cible, Boss Mining. Alors que cette entreprise était déjà sous le coup de la suspension de la production pour 3 mois, la société vient de subir une nouvelle sanction, cette fois plus forte. Le ministère des mines lui ravit ses droits sur quatre permis d’exploitation. Il s’agit des permis no 463, 467, 468 et 469.
La deuxième entreprise victime est COMIDE basée à Kisankala, à proximité de la ville de Kolwezi. Elle aussi, ne peut plus se prévaloir sur 4 permis d’exploitation minière. C’est notamment le No 2606, 2607, 2608 et 12715. Ainsi, ces deux entreprises sont obligées d’arrêter leurs activités d’exploitation et de production du cuivre et du cobalt.
Lire aussi : https://magazinelaguardia.info/2023/08/07/etain-tungstene-et-tantale-ces-minerais-issus-aussi-du-katanga/
Pourtant, Eurasian Resources Group est l’un des acteurs importants du secteur minier en RDC. De 2019 à 2022, son investissement se chiffrait à environ 9 milliards de dollars. Le groupe affirme avoir généré plus de 1,6 milliard de dollars américains en impôts, dividendes et redevances. En outre, il a créé environ 10 000 emplois dans le pays. Le Groupe a l’intention d’investir 2 milliards de dollars supplémentaires dans le pays dans les deux prochaines années.
Justicia Asbl dénonce le trafic d’influence
De ce fait, la décision de la ministre des mines suscite des réactions tant du côté de la société civile que des communautés locales. Justicia Asbl par exemple estime que les raisons ayant motivé cette décision seraient autres que la signature tardive des cahiers des charges. Pour cette organisation, la prise de ces mesures de déchéance de 8 permis d’exploitation du groupe ERG serait consécutive à la publication d’un article par le journal Afrique Intelligence en date du 28 juillet 2023. Celui-ci était intitulé « Le minier kazakh ERG aux prises avec la famille présidentielle dans le Lualaba ». Ainsi, cette organisation demande à la ministre des mines de revenir sur sa décision et d’engager des discussions avec les entreprises en vue d’une solution acceptable.
Entre-temps, le Groupe ERG avait déjà réagi à la publication du journal Afrique Intelligence. Dans un communiqué publié sur son site le 29 Août dernier, ERG rejette les allégations avancées par le média.
« Le titre et les images utilisés dans cet article sont hautement trompeurs ». Eurasian Resources Group (ERG) rejette fermement l’idée selon laquelle le Groupe est en désaccord avec la présidence de la RDC, son gouvernement, ou la famille élargie du Président de la RDC. L’article laisse entendre au nom d’ERG que c’est le cas. Ce que le groupe désapprouve.
Inquiétude des communautés et incertitude des travailleurs à Kakanda
Entre temps, au niveau local, les communautés sont inquiètes. Pour la société civile de la cité de Kakanda où est installée l’entreprise Boss Mining par exemple, les mesures prises au niveau national affectent négativement les communautés locales. « Cette décision bloque le développement de notre entité », déclare un membre de la société civile. Et pour poursuivre, Boss Mining est la seule entreprise opérationnelle à Kakanda. De plus, nous venons de signer avec elle le cahier des charges qui prévoit la construction des infrastructures. C’est entre autres des centres de santé, des écoles… Les seules infrastructures qui existent à Kakanda datent de l’époque coloniale ».
Pour leur part, les travailleurs de Boss Mining sont dans l’incertitude. Ils craignent pour leur avenir professionnel. « Malgré la suspension de la production les trois derniers mois, l’entreprise a quand même payé nos salaires ». Là, nous ne connaissons pas quel sera notre sort. Irons en congé technique ? En outre, nos collègues des entreprises de la sous traitance sont déjà sacrifiés. Ils ne travaillent pas depuis la suspension de la production. Que vont-ils devenir ? s’interroge un jeune employé sous anonymat.
Pour l’heure, le groupe ERG n’a pas encore communiqué sur cette décision du ministère des mines. Il faut noter que la mesure relative à la déchéance des droits sur des permis d’exploitation concerne également 14 autres entreprises. Parmi elles figurent Ruashi Mining avec un permis d’exploitation (No 13083) et Sodimico sur le permis No 102.