Kolwezi : Un musée pour révolutionner les mentalités
Depuis plus d’une année, la ville minière de Kolwezi a un Musée national. Cette institution culturelle abrite une centaine d’œuvres d’art. En outre, elle propose une salle d’exposition et un espace de travail pour les artistes locaux. Néanmoins, le Musée national à Kolwezi a un gros défi à relever , celui d’amener les habitants de la ville à visiter ce lieu. Pour l’heure, les fréquentations sont à compter du bout du doigt.
La salle d’exposition du Musée accueille une exposition permanente. Josué Mbak, chargé de l’éducation, est le guide. La visite débute par la partie consacrée à l’archéologie. Sur une étable subdivisée en trois, on y voit des pierres taillées différemment, des morceaux de fer et même des objets en plastique. Ainsi chaque partie représente une époque de l’histoire de l’homme, explique . Josué Mbak
« La » est la représentation de l’âge de la pierre taillée. Vous avez trois types de pierre qui ont servi aux ancêtres comme outils pour différents usages. Le galet, le biface et le microlite. En plus, au cours de cette période, l’homme a eu la maîtrise du feu. Ensuite, là, vous avez le fer qui représente l’âge des métaux. Enfin, ici vous découvrez des objets usuels de notre époque. « C’est par exemple, cette bouteille de coca-cola, un morceau de carton, une serrure, un poignet« .
À droite de la partie archéologie, le Musée expose dans une vitrine quelques blocs qui représentent la richesse du sol de la RDC. Certains sont noirs, d’autres blancs, d’autres encore ont une couleur verte… Nous sommes devant l’espace minéralogique.
« Ici, vous avez deux types de coltan ». L’un est de couleur noire et l’autre de couleur blanche. Tous les deux sont utilisés dans la fabrication des téléphones. Ensuite, cela le gypse qui sert à la fabrication de la craie. Et puis, cette pierre est un peu noire, c’est le cuivre à l’état sulfuré et ici c’est la malachite. Là c’est le cobalt, et puis nous avons la wolframite …
La troisième partie de la salle d’exposition comprend trois vitrines. Une accueille des masques, parmi eux certains proviennent de la tribu Tshokwe, d’autres de Kongo et Kuba. La seconde armoire présente des objets de la vie quotidienne. C’est notamment une calebasse, un panier, un vêtement en rafia…
Malgré le scepticisme, le Musée fonce.
Cette richesse culturelle n’attirait pas encore les habitants de Kolwezi. La plupart sont septiques, car pour eux, le Musée expose des objets chargés spirituellement. « Je suis chrétien, je ne peux pas visiter ces œuvres là qui détiennent un pouvoir ». « C’est contre ma foi » raconte un jeune rencontré non loin de cette institution. Irène, une fillette de 10 ans, est aussi réservée à l’idée de visiter le Musée. « Si j’y vais, mes parents vont me taper parce que les objets appartiennent aux ancêtres ». À moins que la visite soit organisée par l’école.
Toutefois, le scepticisme des habitants de Kolwezi n’a pas découragé les responsables de ce lieu de mémoire. Yolaine Mbayo, directrice du Musée, a mis en place une stratégie pour arriver à convaincre le public.
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« En effet, plusieurs membres de la communauté considèrent les objets culturels comme étant de la sorcellerie ». Or toute notre vie est constituée de faits culturels. C’est par exemple, pour célébrer le mariage coutumier, qu’on se réfère à la culture. Donc actuellement, nous poursuivons la sensibilisation de la communauté. Aussi, nous allons vers les écoles même si cette année, nombreuses n’ont pas répondu, mais nous ne fatiguons pas.
Et pour encore susciter de l’intérêt pour la culture, le Musée organise d’ici la fin du mois une exposition photo sur l’histoire de la ville de Kolwezi.