RDC: les violences domestiques souvent banalisées
Du 25 novembre au 10 décembre, le monde intensifie la lutte contre les violences basées sur le genre. L’accent est mis sur les violences sexuelles. Celles domestiques constituent le parent pauvre de cette lutte. Et pourtant, selon un rapport de Women’s International League for Peace and Freedom (WILF) datant de 2001, 53 % des femmes en RDC ont déjà subi des violences domestiques.
Ces violences ont un impact négatif sur les victimes . Selon SOS violences conjugales, celles-ci ont des conséquences sur la victime. C’est notamment la souffrance émotionnelle, l’impact sur la santé ou encore le stress post-traumatique.
Justifiées, mais aussi un tabou
Si le nombre des femmes qui subissent les violences est exorbitant, il y a très peu de femmes qui dénoncent. Souvent, cela reste dans le cadre familial. En plus du fait qu’elles soient tabou, ces violences sont souvent justifiées. Selon le rapport de WILPF, depuis l’âge de 15 ans, 52 % des femmes ont subi des violences physiques et le mari/partenaire est cité comme l’auteur de ces violences. Dans 67,9 % des cas. 53 % des femmes en union ou l’ayant été ont subi des actes de violence conjugale, physique et/ou sexuelle et 75 % des femmes les trouvent justifiées.
Effectivement à Lubumbashi, beaucoup trouvent des justificatifs aux violences domestiques. . Marie-Jeanne Mwambuyi est une vendeuse sur l’avenue Mama Yemo. Si elle ne subit pas de violences domestiques physiques, elle pense néanmoins qu’elles sont souvent justifiées. « Souvent les femmes sont battues à cause de leur comportement. Lorsqu’une femme dans un mariage n’écoute pas leur mari. Elles sont parfois orgueilleuses », explique-t-elle. Godet Numbi, un chauffeur de Taxi dans la ville de Lubumbashi, pense que les femmes aiment être battues. « Moi, je connais une dame, elle, si son mari ne la bat pas, elle pense qu’il ne l’aime pas ». Et pourtant, ces violences sont nocives pour ceux ou celles qui les subissent.
De plus, les violences conjugales sont souvent négligées. « En RDC, il n’existe aucune loi qui criminalise les violences domestiques », explique Maître Falonne Kazadi, avocate du Barreau de Lubumbashi et coordonnatrice de l’ONG Alter Ego.
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Le poids des coutumes
En RDC, certaines coutumes sont trop pesantes ou encore mal compris. « Nous avons certaines coutumes qui sont rétrogrades ou la femme est chosifiée », explique encore Maître Falonne. Et d’ajouter : « Les femmes congolaises comprennent mal la notion de soumission. » Certaines se comportent en exclave. Ainsi, elles acceptent même d’être battues ou maltraitées. Ces femmes se résignent. Dans nos sensibilisations, nous rencontrons beaucoup de femmes dans cette situation. Et malheureusement, elles ne peuvent pas dénoncer. Mais aussi que cela se passe dans « l’intimité ».
Il faut dire que même si la loi ne statue pas spécifiquement sur les violences domestiques, elles sont considérées comme des infractions des droits communs. « Les violences conjugales physiques entrent dans les cas de l’infraction des coups et blessures », dit encore la coordinatrice de Alter Ego. Ainsi, elle plaide pour que le pays dispose d’une sur la question.
Ainsi, si le pays dispose d’un cadre légal sur le sujet, ceci contribuera à la lutte. De cette manière, la vie des femmes sera sauvée.