Lubumbashi : les veuves des militaires réclament 9 mois de solde
Cela fait plus de neuf mois que les veuves des militaires de la 22ème région des forces armées congolaises ne reçoivent pas le solde de leurs défunts maris. Ce mercredi 10 avril 2024, elles ont manifesté leur mécontentement. De ce fait, elles se sont rendues au bureau provincial de la commission nationale des droits de l’homme du Haut Katanga (CNDH). Elles ont été reçues par Joseph Kongolo Momat, coordonnateur provincial de cette structure d’appui à la démocratie.
Elles étaient toutes tristes au visage désolant devant le bureau de la CNDH Lubumbashi . En voyant leur accoutrement, on peut facilement déduire la misère et la pauvreté dans laquelle vivent ces veuves des militaires. Pour arriver au siège de la CNDH, ces femmes ont fait le pied du camp militaire Major Vangu jusqu’au centre-ville.
Parmi elles, Marie Kabulo. Son mari est mort il y a 7 ans. Elle déclare qu’elle recevait le solde de son défunt mari normalement à l’ECOBANQUE. Mais, depuis que sa carte bancaire a expiré au mois de juin 2023, Marie Kabulo ne touche plus rien . Elle ignore les raisons de ce blocage.
Douleur partagée
« À la banque, on dit que nous ne sommes pas dans la base des données. Au niveau de la 22ème région militaire , on ne nous donne pas la cause de cette situation. Pourtant, une délégation venue de Kinshasa avait promis de nous payer au mois de janvier 2024. Mais jusque là, rien. Maintenant, à la barrière de la 22ème région, on nous refuse l’accès.Voilà pourquoi nous sommes venues à la CNDH pour que celle-ci porte notre voix plus haut. Nous souffrons. Nos enfants n’étudient plus. Pour manger, c’est devenu difficile. »
Il y a d’autres veuves dont leurs cas datent d’il y a 4 ans. C’est par exemple Maguy Ngalula qui ne touche plus rien depuis 2021. Avec des larmes aux yeux, elle relate. Dans la salle, l’émotion envahit les autres dames. Certaines, touchées par la douleur, disaient, pourquoi ça ? D’autres s’exclament, » Ce pays ! D’autres encore, secouaient calmement la tête.
Maguy continue, en pleurant et raconte « Où irons-nous avec nos enfants ? Vous voulez que nos enfants deviennent des vagabonds ? Mon mari est mort ici à Lubumbashi, ma famille biologique est loin. Je suis ici sans aucun soutien. Cela fait 4 ans que je ne mène des démarches à la 22e région militaire sans succès. Que les autorités nous viennent en aide. Nous irons avec nos enfants à la 22ème région ».
Réaction de la 22ème
En réaction aux plaintes des veuves, le chargé de communication de la 22ème région militaire, le colonel Dieudonné Ngoie tente d’expliquer. » Si certaines veuves de militaire ne reçoivent pas le solde de leurs maris, il y a différentes raisons. Soit du vivant de leurs maris, ces derniers ne les avaient pas enregistré en tant qu’ épouses. Dans de tels cas, dit-il, les femmes ne sont pas enregistrées dans la base des données et cela pose un problème quand le mari décède ».
Mais lorsqu’il s’agit des militaires qui se sont mariés officiellement, ajoute le colonel Ngoie, leurs épouses sont enregistrées et elles sont passées par des contrôles. Ainsi, elles figurent dans la base des données et reçoivent des cartes d’épouses. Une fois le mari décédé, tout va se passer normalement pour elles.
Pas de solde malgré les cartes
Concernant les veuves qui étaient à la CNDH ce mercredi, toutes possèdent leurs cartes d’épouse des militaires. Et, elles recevaient déjà le solde de leurs défunts maris. Mais depuis un certain moment, elles sont coupées de ces ressources.A ce propos ,le colonel Dieudonné Ngoie a donné des éclaircissements.
« Si jamais elles ne reçoivent plus leurs rentes de survie, il doit y avoir un problème. Soit elles ont manqué un contrôle quelconque. Sinon, on n’a pas droit de retenir son salaire. Je vous rassure que les agents administratifs des forces armées sont en train de mener toutes les démarches possibles pour régulariser les cas.
Et il rassure : L’argent prévu pour ces familles ne sera jamais détourné. Il est gardé jusqu’à ce que la solution soit trouvée.Et dès que ce sera fait, elles auront leurs arriérés de six mois, sept mois. En effet, le dossier du militaire défunt commence à l’unité de provenance de ce dernier. Ensuite il va remonter à l’état-major général. C’est celui-ci qui autorise le paiement ».
La CNDH porte le dossier
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Pour sa part, le coordonnateur provincial de la CNDH Haut Katanga, Joseph Kongolo leur a promis de constituer un dossier complet avec la liste des veuves. Celui-ci sera envoyé à sa hiérarchie à Kinshasa en vue de trouver une solution.
« Ces veuves sont venues revendiquer leurs droits. Comme, parmi les attributions de la CNDH, c’est de veiller sur les droits des vulnérables, notamment les veuves et les orphelines. Je vais rapidement saisir le président national de la CNDH, Paul Sapu Mukulu de cette affaire. J’espère que le suivi va se faire, voir un plaidoyer pour que ces veuves rentrent dans leurs droits, a t il conclu.