Kalemie : Taxi pirogue, nouveau moyen de transport en pleine ville
Depuis plus de quinze jours, il est difficile d’emprunter par voie routière une partie du boulevard Lumumba de la ville de Kalemie. Les tronçons compris entre l’avenue Kalumbi et la station Sep Congo sur le boulevard Lumumba ainsi qu’une partie de l’avenue Dav sont inondés. Par endroit, l’eau atteint une profondeur de plus d’un mètre. La traversée se fait ainsi par pirogue, nouveau moyen d transport .
Aux croisements de l’avenue Dav et le boulevard Lumumba à Kalemie , une dizaine des pirogues sont amarées. Ce n’est ni sur le lac Tanganyika ni sur la rivière Lukuga. C’est plutôt sur deux avenues asphaltées, mais aujourd’hui , sous l’eau. Des jeunes ont alors créé un nouveau concept, Taxi-pirogue. Chacun a un nom, emprunté aux bateaux qui naviguent sur le lac Tanganyika. Certains sont faits en bois, d’autres sont en métal. Chaque rameur appelle les clients afin d’assurer leur transport.
Jules Fataki, est rameur. Il a surnommé sa barquette , Amani, du nom d’un gros bateau qui navigue sur le lac Tanganyika. Lorsque les clients se présentent , il joue à l’agent marqueteur et commence par les rassurer.‘’ Ici, c’est le’’ bateau Amani’’. C’est en métal et c’est solide. En outre, il est sécurisant . Venez y prendre place. On va vous faire traverser sans peine. D’ailleurs, nous avons meme placé une parcelle en bois pour vous éviter de mouiller vos souliers …
Plus ou moins convaincu, je prends place à bord de cette barquette. Cinq personnes me rejoignent. Pas de besoin d’attendre de combler toutes les places, Jules ordonne le départ. On prend la direction du quartier DAV.
Nous sommes là pour aider les gens à traverser ce tronçon inondé. C’est notamment les élèves qui habitent le quartier Dav. Et d’ailleurs, nous les faisons payer. Par contre les adultes et ceux qui ont de la marchandise payent entre 300 et 1000 francs la course. Il y a plein d’eau, on a même commencé à pêcher du poisson dans cette eau, explique Jules Fataki
Ramer ou pousser la pirogue
Pour quitter le rivage, trois jeunes gens, des collègues de Jules, poussent la barquette. Ils avancent dans l’eau jusqu’à une distance de près de 5 mètres. L’eau devient de plus en plus profonde, mais les jeunes gens continuent de pousser la pirogue. Pourquoi ne rament-ils pas ? l’un d’eux repond
‘’ Cette barquette est grande et elle est en métal. Nous ne pouvons pas ramer. Ainsi, nous allons avancer comme ça en marchant dans l’eau jusqu’à l’autre bout. C’est vrai que plus loin , l’eau atteint le niveau des épaules et parfois du cou. Mais que faire ? ‘’
Pendant ce temps, d’autres pirogues en bois font des vas et viens sur le même tronçon. Ils assurent aussi le transport des clients. Ici, il y a de vrais rameurs. Néanmoins, ils doivent s’éloigner des barquettes métalliques pour éviter des accidents.
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Des clients du taxi pirogue malgré eux
En effet, des dizaines de clients prennent les pirogues pour aller et revenir du centre ville . Certains avec la peur au ventre et choqués par la dégradation des infrastructures . Comme c’est le cas de madame Angèle Safi . C’est très pénible. J’ai d’abord payé le taxi- moto, maintenant c’est le taxi pirogue alors qu’on passait tranquillement cette artère. Sakina, une autre cliente, rencherit ‘’L’inondation de ce tronçon était prévisible. Chaque jour, on voyait comme l’eau avance et on n’a rien fait. Sommes-nous gouvernés ou pas ?
D’autres, par contre, ont fini par accepter la situation. ‘’Je travaille à l’école Imani au quartier Dav. J’ai décidé de prendre la pirogue plutôt que de faire le détour ’’ , explique Antoine Sambo, un enseignant. Pendant que la discussion se poursuit, un gros camion, chargé de marchandises, emprunte la même voie. Le chauffeur se fraye le chemin entre les pirogues. Dans certaines barquettes , les clients retiennent leur souffle . Ils risquent d’être renversés et se noyer. Mais , Antoine Sambo , garde son sang froid.
Nous sommes déjà habitués .Nous passons comme ça même. La pirogue avance et à un moment, elle laisse la voie au camion.. Cette situation dure depuis plus de deux semaines.
Sur l’avenue qui conduit au quartier DAV, l’artère est inondée sur une distance d’environ 250 mètres, selon des témoignages. Tandis que sur le boulevard Lumumba, les rameurs parcourent une plus longue distance, soit environ 600 mètres. Par ailleurs, les véhicules, les tricycles et les motos empruntent l’unique route de déviation qui passe par le quartier Kalumbi. C’est elle qui permet encore de relier les deux parties de Kalemie.