Défis sécuritaire de Tshisekedi: gérer sa propre armée ( EBUTELI)

Défis sécuritaire de Tshisekedi: gérer sa propre armée ( EBUTELI)

L’institut de recherche sur le Congo, Ebuteli  et le groupe de recherche GEC, on fait ce mardi  un point, sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC. C’est son rapport de 63 pages  intitulé La résurgence du M23: Rivalités régionales, politique des donateurs et blocage du processus de paix. Ebuteli rappelle notamment le défis sécuritaire auquel fait face le président de la RDC et formule des recommandations.

En effet, la RDC connait plus de deux décennies de guerre dans sa partie Est. Plusieurs groupes armés sèment l’insécurité dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri. Et depuis plus d’une année, le résurgence du M23 dans le Nord  Kivu a poussé des milliers de personnes hors de leurs maisons. Selon les Nations Unies,  les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri comptent 5,7 millions de déplacés. 

Le pays enregistre également des centaines des morts. Pour le seul mois de juin  dernier par exemple, plus de 80 personnes ont trouvé la mort. 

Pour l’institut de recherche sur le Congo, EBUTELI, cette guerre qui perdure à l’Est de la RDC place le président de la République devant plusieurs défis. L’un d’eux, explique cet institut est la gestion de l’armée.

Conflit, moyen de survie

EBUTELI et GEC indique dans leur rapport que la guerre de l’est de la RDC est un moindre soucis pour les acteurs politiques qui vivent à Kinshasa. Entretemps, le Chef de l’Etat s’est résolu de renforcer l’armée dans cette partie du pays en vue de gérer la situation sécuritaire. Mais là aussi, des problèmes persistent.

 »En déployant la majeure partie de l’armée dans l’Est, en maintenant les salaires des officiers à un niveau bas mais en leur accordant des indemnités et des primes discrétionnaires élevées, et en leur donnant carte blanche pour le racket, les élites politiques se sont protégées contre d’éventuels coups d’État et se sont enrichies grâce à des systèmes de pots-de-vin. » Et le rapport poursuit, ce système de fragmentation et de clientélisme a été intégré dans l’organisation de l’État. Ce qui lui a donné intérêt à la persistance du conflit, fin de citation.

Pour illustrer cette situation, les groupes de recherche sur le Congo donne quelques exemples vécus il y a 4 ans.

Selon une analyse conduite en 2014, plus de 90 % de la rémunération des officiers dépendait de paiements légaux ou extralégaux directement liés aux opérations militaires. Par exemple, les officiers occupant des postes de commandement recevaient souvent une prime de commandement d’une valeur allant jusqu’à 1 000 dollars par mois. Tandis que les officiers de renseignement recevaient parfois un fond secret d’une valeur de plusieurs centaines de dollars par mois, peut-on encore lire dans le rapport.

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Il faut rappeler qu’au vu de l’escalade de la violence, le chef de l’Etat Congolais a participé à plusieurs initiatives en faveur de la paix. Mais jusqu’à présent, les résultats concrets se font attendre.

De plus, estiment encore, les chercheurs d’EBUTELI et GEC, la reforme du secteur de sécurité est un impératif pour mettre fin au conflit.

Il est difficile de voir comment les groupes armés disparaîtront dans l’Est du Congo si l’État reste faible et dépourvu de toute capacité de dissuasion. La réforme de l’armée est au cœur de cette problématique.

Et ces chercheurs de poursuivre, le défi est avant tout politique. Le gouvernement devra transformer cette institution, qui sert à distribuer des privilèges et à extraire des ressources, en une institution capable de fournir un service public. Cela nécessitera un leadership déterminé pour réprimer l’indiscipline, les abus et la corruption. Les malversations financières et la violence vont de pair. La pierre angulaire de ces réformes devrait être une plus grande responsabilisation.

Pour EBUTELI, ce conflit a trop duré. Et  »c’est le moment où le statut du conflit congolais doit être élevé au niveau international. Il estime par ailleurs qu’il faut un engagement réel de certaines puissances étrangères.

Le type de pression nécessaire sur les gouvernements de Kigali et de Kinshasa ne se fera pas sans investissement beaucoup plus important, financièrement et politiquement. Et cette pression doit venir de pays tels que les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Afrique du Sud, le Kenya et la Chine.

A noter EBUTELI et GEC soulignent aussi que l’état de siège instauré dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri n’a pas donné des résultats escomptés.