RDC : indignation après les viols de 156 femmes à la prison de Makala
Une semaine après la tentative d’évasion à la prison des Makala, les chiffres sur les viols massifs des femnes dans cette prison révoltent. Plus de 50 % des femmes prisonnières et détenues ont été violées, selon le bilan dévoilé par les autorités. À Lubumbashi, le silence sur ces événements malheureux inquiète.
Les bilans de ces événements tombent petit à petit. Sur les 300 femmes prisonnières et détenues dans cette prison, 156 ont été violées. Jusque-là, les ONG n’ont toujours pas accès à la prison. Ce qui inquiète, car les femmes sont privées des soins. Elles sont également privées d’une prise en charge psychologique. Cette situation suscite l’indignation. « Comment on explique qu’il y ait eu les viols ? Qui en sont les auteurs ? Je ne comprends pas très bien les fonds de l’histoire ». S’interroge Celine Muswamba, assistante à l’Assemblée provinciale du Haut Katanga et défenseuse des droits humains.des droits humains.
Celine Muswamba n’est pas la seule à exprimer son incompréhension sur ces viols. « Cet épisode est très douloureux ! En pleine capitale est vraiment choquant ! Et que les gens se taisent, ou presque, c’est encore plus étonnant !, a pour sa part tapé du point Julienne Nzugu Feza, experte en genre et ancienne Ministre provinciale du Tanganyika.
Banalisation des violences
Pour le professeur Félix Momat, gynécologue obstétricien spécialiste en Droits de santé sexuelle et reproductive (DSSR), ces mutismes et ces silences tendent à banaliser les violences. Car, « le manque de condamnations claires et fermes renforce la perception que ces crimes sont tolérés. Cela constitue un terrain fertile pour la répétition des violences, laissant les criminels impunis« . S’indigne-t-il.
Il dénonce par ailleurs le manque d’empathie et d’engagement pour la justice sociale. « Ce silence généralisé des hommes face à ces atrocités reflète un manque d’engagement pour la cause des droits des femmes. Cela montre un déficit d’empathie et d’engagement pour la justice sociale », dit-il encore.
Certains pensent que l’État congolais est responsable, car il ne prévoit rien. Il doit penser réformer le système judiciaire en RDC. Aïda KALENGA MALOBA est secrétaire permanente du Comité interministériel des droits de l’homme (CIDH en sigle). Elle pense aussi que l’État doit aller au-delà. « Non seulement qu’il faille renforcer la sécurité du côté pavillon femmes, il faut placer une grille avec un service qui veille et contrôle les entrées et sorties. Mais aussi envisager la construction d’une prison loin des hommes ». Elle pense aussi qu’il est nécessaire de mettre en place un cadre de concertation. Celui-ci aura pour but de garantir « le respect des droits humains reconnus à tout être, peut importe sa condition ».