Kalemie : A la découverte du site La route des esclaves
Sur Les Routes des esclaves au Nord de Kalemie dans la province du Tanganyika en RDC est un site oublié. Pourtant , il fait partie du patrimoine Congolais. Quelques rares personnes qui connaissent l’histoire visitent ce lieu perdu entre des collines et le lac Tanganyika au village Kasenga. Aujourd’hui, l’espace est menacé par l’inondation .
Le site est situé à plus de 30 Km au Nord de Kalemie sur l’axe Kabimba. Première escale, le village Mutoa , la plus grande bourgade. De là, nous prenons une moto jusqu’à Kasenga , un village essentiellement des pêcheurs , construit sur la plage du lac Tanganyika. Portace Sungura , un ancien du coin âgé de 89 ans, est considéré comme l’un des gardiens de l’histoire locale. En effet, ce vieux monsieur de petite taille raconte avec un sentiment partagé entre passion et amertume
Ici ou nous trouvons se faisait le commerce des esclaves. Et le marché se situait là ou vus voyez les manguiers. Les captifs venaient de partout. Ensuite, ils étaient embarqués vers d’autres pays. C’était le commerce des blancs et nous Congolais, on était vendu comme de la marchandise.
Depuis la saison des pluies passée, la rivière Rubo qui sépare le site du village Kasenga , a débordé. Robert Sulubika, un jeune d’une vingtaine d’années assure le transport par pirogue, agrémentée par la musique. De plus, Robert Sulubika connait l’histoire de cet espace. Il a vu des dizaines des personnes visiter Les routes des esclaves.
Les marchands d’esclaves passaient par cette voie. A l’époque, il n’y avait pas d’eau. Ils transitaient par le village Kasenga avant qu’il ne soit construit. Ils les conduisaient vers cette plage du lac Tanganyika qui est juste à côté. Et ils les embarquaient pour la Tanzanie , explique-t-il, sa rame à la main.
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Site en danger
Après environ 100 mètres de navigation en pirogue, on accoste en dessous des manguiers. 22 gros arbres aux allures de baobab et vieux de plus d’un siècle forment deux rangés. A coté, des paysans font de l’agriculture du palmier à huile et du manioc. Toutefois, cet espace chargé d’histoire ne porte aucune inscription l’identifiant. Kaskile, habitant le village Mutoa et qui nous sert notre guide, regrette l’état actuel du site .
Ces arbres ne sont plus au nombre complet. Il y a celui là qui est à coté, des jeunes l’avaient abattu pour produire du charbon. Et cet autre manguier du milieu, on l’avait coupé et déterré espérant y trouver de l’or mais il n’y avait rien…Et tout ca c’est parce qu’il n’y a pas de plaque qui identifie le lieu, nous explique-t-il.
Par ailleurs, ces manguiers , témoins de l’histoire, sont menacés par l’eau de la rivière Rugo. Deux d’entre eux, ont séché et le risque persiste indique encore Kaskile ‘’ Il n’y a aucune protection de ce site sinon les manguiers ne seraient pas en danger. On pouvait canaliser l’eau de la rivière et sauvegarder ce patrimoine. ‘’
La RDC, plaque tournante du commerce des esclaves
Il faut dire que lorsqu’on évoque « Les routes des esclaves « en RDC, on pense principalement au réseau nord qui partait de Kinshasa. Les captifs étaient ainsi acheminés vers l’Angola en passant par le Congo central et le port de Moanda. Pourtant, il y a un autre réseau, celui du Sud-est . En effet, il était utilisé essentiellement fin XVIIIe et début XIXe siècle par les arabes dont Mohamed Ahmed connu sous le nom de Tipo Tipo.
Ce commerçant arabe allait chercher des esclaves dans la région du Maniema ainsi que dans les environs de Kalemie au Sud Est de la RDC. Ils étaient ensuite exposés pour la vente au village Kasenga à plus de 30 km de la ville de Kalemie avant d’être embarqués vers l’île de Zanzibar en Tanzanie.