Bukama : destitution des chefs coutumiers, l’AT mis en cause

Bukama : destitution des chefs coutumiers, l’AT mis en cause

Dans le territoire de Bukama, dans la province du Haut-Lomami, plusieurs chefs coutumiers ont été destitués. Ces derniers accusent l’administrateur du territoire (AT) de Bukama Dieudonné Salumu d’écarter les ayants droits. La société civile dénonce une situation qui risque d’embraser le territoire. Ainsi, elle appelle au respect des lois du secteur. 

En effet, plusieurs villages de ce territoire vivent cette situation. C’est le cas au village Bundwe situé à cinq kilomètres de Bukama centre. C’est également le cas des villages Nyembo et Kalu.  Ici, par exemple, le chef et sa famille sont en cavale. Tous se trouvent présentement à Bukama centre sans logement fixe. « L’administrateur du territoire ainsi que les chefs de secteur sont venus avec des militaires. Ils nous ont chassés du pouvoir. Ils ont établi un autre chef coutumier. De plus, ils nous ont ravis tous nos biens« , relate le chef Ilunga Muyambwa Emmanuel. Ce chef coutumier explique par ailleurs que c’est depuis neuf ans qu’il est au pouvoir.  Pour l’instant, l’Assemblée provinciale s’est saisie du dossier.

Le chef du village Nyembo se trouve aussi dans la même situation. Lui également a été chassé. Pourtant, il explique détenir tous les documents lui reconnaissant son pouvoir coutumier. Il explique également que l’administrateur du territoire lui réclame une importante somme d’argent afin qu’il conserve son autorité. Ces accusations  sont aussi corroborées par le chef Kalu.

Pour la société civile , ces décisions  violent les dispositions de la loi fixant le statut des chefs coutumiers. Par exemple, l’article 7 explique que le pouvoir d’un chef coutumier ne prend fin qu’en cas de décès, abdication, empêchement définitif ou déchéance conformément à la coutume locale.  « Les cas de ces villages ne respectent pas ces conditions », regrette Monga Umuoneta, coordonnateur de la société civile à Bukama. « Ici, ce sont les ayants droits qui sont chassés « , s’indigne t-il encore.

Faux documents?

Contacté, l’administrateur du territoire Dieudonné Salumu ne nie pas les faits. « Lorsqu’on nous a nommé, nous avons constaté que nos prédécesseurs avaient octroyé des faux documents », explique-t-il.  Et d’ajouter : « Si je trouve quelqu’un qui réclame son pouvoir et que s’il a des vrais documents, j’instruis  mes services pour qu’on installe un intérimaire ou encore organiser des consultations. »

Lire aussi: Malemba Nkulu: deux morts à la suite d’un conflit coutumier

Quant à l’accusation d’une probable demande d’argent, Dieudonné Salumu explique qu’il n’a jamais été question pour sa part de se faire soudoyer par les chefs coutumiers.

Pendant ce temps, la tension est vraiment palpable dans ce territoire. Et la société civile alerte. Elle espère des solutions pour éviter l’éclatement de ces  conflits latents.