RDC : y a-t-il manque de zones d’exploitation artisanale (ZEA) ?

RDC : y a-t-il manque de zones d’exploitation artisanale (ZEA) ?

En RDC, de nombreux conflits existent entre les industriels et les artisanaux miniers. À la base, les exploitants miniers envahissent parfois les sites industriels, comme c’est le cas au Lualaba et dans le Haut-Katanga. Pour les artisanaux, ils ne disposent pas assez de zones d’exploitation artisanale (ZEA). Cependant, selon les données du cadastre minier ( CAMI) , le pays en dispose 507.

En effet, même si les données sur les ZEA ne sont pas uniformes, la cartographie démontre néanmoins que ceux-ci existent. Si le CAMI donne le chiffre de plus de 500 ZEA, le Service d’Assistance et d’Encadrement de l’Exploitation Minière Artisanale et à Petite Echelle (SAEMAPE)  indique sur son site un total de 721 ZEA instituées à travers l’ensemble du territoire national.  Pour Armet Ngazi, expert en gouvernance minière et en approvisionnement responsable, cette différence s’explique par le fait que le SAEMAPE comptabilise également les ZEA en projet.

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116  pour le Lualaba et le Haut-Katanga

Selon le CAMI, il y a approximativement 62 ZEA dans la province du Lualaba, englobant une zone totale de 432 kilomètres carrés. On en dénombre aussi 56 dans la province du Haut-Katanga. Elles s’étendent sur une superficie approximative de 454 carrés. « Selon les statistiques du SAEMAPE, les 721 ZEA  devraient satisfaire les exigences de 1 415 coopératives minières, ce qui représenterait une moyenne d’une Zone pour  deux coopératives », précise à nouveau cet expert. « Cela peut sembler paradoxal, sachant que de nombreux exploitants artisanaux se plaignent du manque de zones d’exploitation disponibles« , ajoute-t-il.

Peu viable

Pour l’expert, le problème ne réside pas tant dans le nombre de ZEA créées. Le problème est lié plutôt à leur « effectivité et leur viabilité« . Il fustige par ailleurs le fait que des ZEA ont été créées sans études préalables sur la minéralisation. Ainsi, elles sont inactives, car dépourvues de potentiel minier avéré.

« Certaines ZEA présentent même des incohérences majeures« , explique-t-il. « Par exemple, la ZEA 081 se trouve en plein fleuve Lualaba, selon ses coordonnées géographiques. D’autres sont situées à proximité immédiate de permis d’exploitation (PE) ou de recherche (PR), ce qui crée des tensions et des conflits d’usage« , explique-t-il encore.

Pour lui, l’enjeu est de rendre ces zones viables techniquement et économiquement, et non simplement d’en augmenter le nombre. Ainsi, il propose quelques pistes. « La première étape consiste à considérer l’exploitation artisanale comme une activité minière à part entière. » Cette vision permet de prendre en compte les exigences techniques de l’activité. Par exemple, faire une prospection légère pour évaluer la minéralisation. De plus, initier les activités de découverte et d’exploitation.

« Or, ces démarches sont coûteuses. À titre d’exemple, près d’un million de dollars aurait été dépensé pour caractériser le site de la ZEA de Kisote« , explique-t-il encore.  Il propose, par exemple, que le fond versé au FOMIN soit réorienté pour financer la recherche géologique et la viabilisation des ZEA. De plus, il suggère aux provinces d’élaborer un plan de valorisation des ZEA, comme le permet le Règlement minier, et de s’assurer que les bénéficiaires soient les coopératives minières existantes.