RDC : l’arrêt de l’exploitation du bois rouge nécessite l’encadrement

À quelques jours de la COP 30, la RDC prend la mesure de la suspension de l’exploitation et de la commercialisation du bois rouge sur l’ensemble du territoire national. La décision a été présentée par la ministre de l’Environnement au Conseil des ministres du vendredi dernier. L’ONG PREMI Congo basée à Lubumbashi salue cette décision qui , pour elle, doit être suivie des mesures d’accompagnement.
La perspective de suspendre « toute exploitation ou commercialisation » du bois rouge (padouk) en RDC, marque une étape importante. En effet, cette mesure intervient dans un contexte où cette essence est menacée d’extinction. Pour la ministre Marie Nyange, « cette mesure qui couvre toutes les opérations de coupe, de transport et de commercialisation restera en vigueur jusqu’à nouvel ordre ».
Le gouvernement congolais envisage par ailleurs de mettre en place un Système intégré de gestion forestière (SIMEF). Il s’agit d’une plateforme numérique qui permettra d’améliorer la traçabilité et la transparence dans le secteur forestier.
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Des mesures d’encadrement
La décision du gouvernement est donc saluée par les ONG qui œuvrent dans le secteur de l’environnement. C’est le cas de l’ONG PREMI Congo qui a milité pour l’inscription de cette espèce à l’annexe 2 de CITES. Son directeur Christian Buendwa estime que le gouvernement ne devrait pas se limiter à suspendre l’exploitation de cette essence.
« Il faut doter les coordinations provinciales de l’environnement des moyens logistiques afin qu’elles assurent efficacement le contrôle de la forêt. En outre, l’État doit renforcer la lutte contre la fraude. »
D’après cet acteur du secteur de l’environnement, la fraude est bien organisée dans la région sud de la RDC malgré l’interdiction de l’exploitation de ce bois également par la Zambie. » Certains exploitants zambiens coupent le bois rouge chez eux. Ils l’acheminent frauduleusement en RDC pour ensuite le déclarer à la frontière comme un produit congolais, déplore-t-il.
Spécificité de l’exploitation du bois rouge (padouk)
Le padouk est une essence particulièrement prisée pour sa durabilité, sa couleur, sa qualité. Il est utilisé spécifiquement pour la fabrication des meubles de luxe. Ainsi, le bois rouge est très demandé sur les marchés asiatiques, notamment en Chine.
En 2017, l’État congolais avait déjà interdit l’exploitation du bois rouge dans la province du Haut-Katanga. Cette décision faisait suite à de « nombreuses dénonciations de coupe abusive et frauduleuse » par des exploitants non autorisés.
Toutefois, malgré cette interdiction, les coupes illégales ou non autorisées persistent, souvent via des réseaux artisanaux ou des exportations frauduleuses.
L’exploitation non contrôlée du bois rouge en RDC impacte négativement la forêt. Elle est à la base de la déforestation et de la perte de biodiversité. De plus, elle contribue aux changements climatiques.