Kolwezi: plus de 500 ménages menacés d’expulsion par la province
Plus de 500 ménages du village Kamikungwa, du bloc Saint-Joseph et du quartier Golf ISTM de Kolwezi n’ont plus que deux jours pour libérer leurs maisons. Ces sites sont situés non loin de l’aéroport de Kolwezi. C’est pour des raisons de sécurité des populations que le gouvernement provincial du Lualaba prend cette décision. Cependant, les communautés se plaignent du non-respect de la procédure d’expropriation.
« On ne sait plus se déplacer, les enfants ne vont plus à l’école. Au fait, on est déjà morts. » C’est par ces mots que Charles Mawazo, un habitant du village Kamikungwa décrit son calvaire. En effet, depuis la semaine dernière, les communautés des trois sites situés non loin de l’aéroport de Kolwezi ont reçu un ultimatum pour libérer ces sites. Il s’agit du village Kamikungwa, du bloc Saint Joseph ainsi que du quartier Golf ISTM.
Dans un communiqué du 10 septembre dernier, signé conjointement, les ministres en charge des Affaires foncières et celui de l’Intérieur avancent les raisons. « L’envahissement du site constitue un danger certain et permanent pour la population. Celle-ci s’expose aux risques d’accidents tels que le crash, les incendies, l’atterrissage et le décollage manqués. »
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Délai très court et sans indemnisation
Le gouvernement provincial du Lualaba n’a accordé qu’un délai d’une semaine à ces communautés. Ainsi, chaque ménage devait procéder à la démolition volontaire de leurs maisons. En outre, indique le communiqué, les frais sont à charge des communautés.
Francine Kaweji qui vit à Kamikungwa est désemparée. « Le délai est très court. Où irons-nous avec nos enfants ? Ils sont déjà inscrits à l’école, qu’allons-nous faire ? »
Pour sa part, l’ONG de défense des droits humains, IPDHOR dénonce la violation des droits des communautés. D’après elle, le gouvernement du Lualaba veut jeter dehors des centaines de familles sans ressources. « Ces ménages n’ont reçu aucun franc pour pouvoir se reloger« , déclare Leonard Zama, directeur d’IPDHOR. De plus, indique-t-il, personne ne peut construire une maison en 7 jours. Entretemps, 130 maisons de ce site, une école et une église ont déjà été détruites, soutiennent IPDHOR, LUCHA et JUSTICIA asbl. Ces trois organisations de la société civile de Kolwezi affirment que les propriétaires n’ont pas été indemnisés.
Des raisons de sécurité ou de création d’une nouvelle cité à Kolwezi ?
Cependant, le débat se poursuit concernant les expulsions des résidents à proximité de l’aéroport de Kolwezi. En effet, le 10 aout 2022, le gouvernement provincial du Lualaba rend public un arrêté créant un nouveau lotissement. Il s’agit de « Joli Site RVA 2 » dans les circonscriptions foncières 1 et 2. Des sources à Kolwezi indiquent que ce nouveau lotissement inclut le village Kamikungwa. Cependant, cette décision n’était pas précédée par une autre portant sur l’expropriation pour utilité publique.
Trois ans après, les autorités de Kolwezi affirment dans leur communiqué vouloir protéger les communautés Kamikungwa. Les ONG de défense des droits humains pour leur part déplorent des contradictions autour de ce dossier.
Par ailleurs, le chef de division de l’urbanisme et habitat à Kolwezi précise que le village Kamikungwa se trouve dans le périmètre aéroportuaire. « L’autorité provinciale veut donner un caractère international à l’aéroport de Kolwezi. Par conséquent, elle a initié les travaux d’élargissement de la piste. Et ceux qui habitent sur ce site ont obtenu illégalement des parcelles », affirme-t-il.
Si les centaines de ménages sont au désarroi, le gouvernement du Lualaba soutient avoir mis à leur disposition un autre site. Cependant, ce nouveau lotissement se trouve à une vingtaine de kilomètres de Kolwezi. A ce jour, il n’y a ni route, ni école, ni marché.