RDC : ping pong entre FONAREV et société civile
Des organisations de la société civile accusent depuis quelques jours le FONAREV de manque de transparence dans la gestion des fonds destinés aux victimes des violences en période de conflit. Le FONAREV, de son côté, se justifie en annonçant la publication prochaine d’un rapport d’audit. Pendant ce temps, les victimes des violences sexuelles perpétrées sur le sol congolais attendent réparation.
Pour l’année 2025, le FONAREV a prévu de mener des études pour un coût de plus de 11 millions de dollars. D’après les organisations CASMIA, Justicia ASBL et APDHJ, 3 millions $ ont en effet été décaissés. Ces acteurs de la société civile s’interrogent sur l’objectif de ses études. « Le FONAREV peut-il expliquer aux victimes de quelles études il s’agit ? » écrivent ces ONG. Pour sa part, Mike Lameki, membre de CASMIA se demande si les études rentrent dans les missions de FONAREV à savoir identifier les victimes, les accompagner et enfin procéder à la réparation.
En outre, les 3 organisations de la société civile dénoncent les dépenses de fonctionnement jugées exorbitantes. C’est notamment les salaires accordés aux responsables de cette structure. Pour elles, il s’agit là d’un « détournement des ressources issues du secteur minier et qui devraient servir pour le développement local. »
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la société civile accusée d’intimidation
Face à la pression des acteurs de la société civile, le FONAREV est sorti de son silence.En effet , dans un communiqué publié récemment, cette structure assure œuvrer en toute transparence et indépendance. Sans répondre aux critiques lui formulées, le FONAREV tient juste a rappeler sa mission ainsi que sa stratégie de fonctionnement.
Conscient de la sensibilité et de la complexité de la question de réparation , le FONAREV a mis en place des procédures strictes et vérifiables dans l’identification des victimes. Ensuite, celles de la reconnaissance de leurs droits et de la mise en œuvre des mesures de réparation.
De plus, cet établissement public qualifie les alertes de la société de manœuvres d’intimidation. « Les tentatives d’intimidation et de déstabilisation n’altèrent en rien sa détermination à poursuivre son combat pour la reconnaissance du génocide congolais. »
Les trois ONG n’ ont pas tardé à réagir de nouveau. Elles réitèrent la demande pour plus de transparence, la bonne gouvernance ainsi que la redevabilité dans la gestion du fond. De plus, elles affirment soutenir la démarche pour la reconnaissance du Génocide Congolais. Cependant, elles dénoncent la confusion que tente de semer FONAREV. » La quête de transparence dans la gestion de la chose publique n’ a rien à avoir avec les violences sexuelles. Les ONG ne s’opposent pas à la reconnaissance du Génocide Congolais. Elles dénoncent par contre la mauvaise gestion et le détournement des ressources destinées aux populations congolaises, insistent -elles.
Quid du FONAREV?
Le FONAREV, a été créé en 2022. La loi qui l’institue définit les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes de violences. Ses missions sont d’identifier les victimes, de les aider à avoir accès à la justice et enfin de leur allouer une réparation.
Cet établissement public est financé par les 11 % de la redevance minière. Selon les structures de la société civile, plus de 200 millions de dollars ont déjà été alloués au FONAREV. » Nous allons continuer à exiger la transparence. L’argent qui alimente ce fonds provient de l’exploitation minière des régions où des communautés sont impactées par cette activité, a conclu Mike Lameki de CASMIA.
A Lubumbashi, le FONAREV a réuni il y a une semaine des organisations de la société civile en vue d’identifier celles qui accompagnent les victimes des violences sexuelles.