RDC : 441 millions de dollars de fonds miniers dépensés hors budget, selon un rapport

RDC : 441 millions de dollars de fonds miniers dépensés hors budget, selon un rapport

Six ans après la réforme du Code minier, la République démocratique du Congo fait face à de sérieuses interrogations sur la gestion d’un fonds public stratégique. Entre 2020 et 2025, le Fonds minier pour les générations futures (FOMIN) a encaissé 857 millions de dollars américains, selon une analyse du centre de recherche congolais CREFDL. Pourtant, plus de la moitié de ce montant aurait été dépensée en dehors du cadre budgétaire national.

Le dernier baromètre financier du CREFDL indique que 441 millions de dollars ont été décaissés par le FOMIN pour financer 11 projets gouvernementaux. Cependant, ces dépenses n’apparaissent ni dans le budget de l’État ni dans les redditions des comptes couvrant les exercices 2020 à 2024.

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Les ecarts

La commission économique et financière du Parlement évoque 441,9 millions de dollars d’investissements exécutés. En parallèle, les documents budgétaires ne retracent que 10,2 millions de dollars d’investissements financés par le FOMIN. La différence inexpliquée dépasse 431 millions de dollars.

Cette situation soulève de graves préoccupations en matière de transparence budgétaire et de redevabilité. La loi congolaise sur les finances publiques exige que toute dépense de l’État soit autorisée, publiée et retracée. Dans ce cas précis, ce cadre légal semble avoir été contourné.

Créé pour préserver les revenus miniers et soutenir le développement à long terme ainsi que l’après-mine, le FOMIN évolue désormais dans une zone grise comptable. Ni le Parlement ni la Cour des comptes ne disposent d’une visibilité complète sur l’utilisation réelle des fonds.

Des contradictions ont également émergé lors des auditions parlementaires. Les déclarations des dirigeants du FOMIN ne concordent pas pleinement avec les données financières officielles. Le CREFDL a identifié 11 millions de dollars supplémentaires de dépenses non formellement déclarées.

Pour un pays qui se présente comme un acteur clé de la transition énergétique mondiale, ces révélations sont préoccupantes. Elles fragilisent la confiance publique. Et remettent en cause la finalité d’un fonds censé bénéficier aux générations futures.

Le CREFDL appelle désormais les députés à lancer une enquête parlementaire indépendante. Cette enquête va permettre de retracer les 441 millions de dollars, d’évaluer leur impact réel et de rétablir la redevabilité. Sans contrôle effectif, le fonds minier congolais risque de devenir puissant, mais opaque.