Guerre à l’est de la RDC: La question identitaire fait débat

Guerre à l’est de la RDC: La question identitaire fait débat

 Le gouvernement congolais est en discussion à Nairobi avec les groupes armés congolais de l’est du pays. Ces milices disent se battre pour la reconnaissance de la nationalité congolaise aux Tutsis. Le gouvernement, lui, estime   que leur guerre est sans fondement, car leur nationalité n’est pas légalement remise en cause. C’est ainsi qu’à Nairobi les miliciens disent être venus pour « négocier » sur cette question. Le gouvernement lui parle de simples consultations . Les violons sont donc loin de s’accorder sur le fond et l’objectif de la rencontre de la capitale Kenyane.

La dizaine de groupes armés qui se sont rendus en premier à Nairobi, affirment que leur lutte concerne la reconnaissance de leur nationalité congolaise qui leur serait déniée. En toile de fond de cette réclamation, le retrait en  1982  de la nationalité congolaise aux populations Tutsies. C’était suite à une mission parlementaire conduite par un élu originaire du Sud Kivu. Elle leur avait été attribuée collectivement en 1972.

L’identité , le nœud du problème

Estimant que cette décision de 1972, leur privait de leurs droits politiques et civiques, les populations Tutsies, connus sous le nom des Banyamulenge, avaient pris l’option de prendre les armes afin de recouvrer ces droits. Avec une coalition hétéroclite où ils avaient les premiers rôles, ces derniers déclenchent une guerre en 1996. Elle aboutira   à la chute du pouvoir de Mobutu et aux renversements des institutions. Les Tutsies réintègrent alors toutes les sphères du pouvoir à Kinshasa . Mais ce sera de courte durée . Deux ans plus tard, c’est la rupture entre alliées . Les Tutsies redeviennent des parias. Ils entament, en aout 1998 , une deuxième guerre contre Kinshasa. Le pays est divisé. Les guerriers, en majorité Tutsis, prennent le contrôle de l’est du pays et le dirigent. Le pouvoir central ne parvient pas à les déloger militairement. Reste la solution politique.

Un compromis est trouvé au travers de l’accord de Lusaka du 19 juillet 1999. Cet accord règle la question de la nationalité qui est implicitement reconnu aux Tutsis. Cela est confirmé par l’accord de Sun City de février 2002. Depuis, aucun texte légal n’est venu remettre en question ces accords.

Ce qui pose la question de la cause réelle de la reprise des hostilités à grande échelle à l’est du pays. Certains analystes estiment qu’il s’agit plutôt d’une lutte pour le contrôle des zones minières et d’une guerre par procuration pour le compte du Rwanda qui viserait une appropriation des riches terres de l’est du pays. Ce pays nie avoir des visées expansionnistes . Il affirme aussi n’avoir aucun lien avec le M23, principale branche armée des Tutsis .

La polémique

Le fait est que plusieurs Congolais dénient la nationalité congolaise aux Tutsis. Selon eux, les banyamulenges ne figurent pas sur la liste des  454 tribus congolaises. Selon eux, le fait d’avoir bénéficié d’une nationalité collective, prouve que les banyamulenge ne sont pas congolais d’origine. Pour leur défense, les  Banyamulenge indiquent qu’il y a 4 groupes sociologiques en RDC. Il s’agit des Bantous, des Pygmées, des Soudanais et des Tutsis.

Devant cette polémique incessante, le président Félix Tshisekedi déclare en janvier 2020 à Londres, que les Banyamulenge sont des Congolais. C’était devant la diaspora congolaise . Le fait est que plusieurs d’entre eux, occupent des postes de responsabilité dans les institutions et les sociétés du pays. C’est le cas notamment dans l’armée, les services de renseignement, dans l’administration publique et dans les entreprises du portefeuille de l’état. Ce qui ne fait qu’accroitre la polémique. Dans ces conditions, la guerre risque bien de durer encore bien longtemps.