RDC: GECAMINES un passé sulfureux, un avenir incertain

RDC: GECAMINES un passé sulfureux, un avenir incertain

RDC, la Gecamines aurait elle un passé sulfureux mais son avenir incertain ? En tout cas ,  l’Inspection Générale des finances a publié  en mai un rapport explosif sur la gestion de la GECAMINES. Celle-ci est la principale société du portefeuille . Des chiffres à donner le tournis, indiquent l’étendue du désastre et du gouffre dans lequel se trouve ainsi  cette entreprise qui a été, pendant longtemps, la mamelle nourricière de tout un pays.

Du bradage des actifs, à la création de filiales budgétivores, en passant par des opérations financières floues, ont fait de cette société, jadis fleuron industriel d’Afrique, un simple canard boiteux à l’avenir hypothéqué.
Ce qui vous marque quand vous êtes dans la tour lambrissée qui sert de siège social de la GCM ,c’est la lourde bureaucratie confortablement installée. Ainsi que la langue de bois des hauts cadres qui dirigent cette société. Difficile de trouver un interlocuteur qui vous parle clairement de l’entreprise . Forcement, il y a quelque chose à cacher dans cette tour d’ivoire . Les fins limiers de l’IGF, discrètement installés dans un sobre bureau au rez-de-chaussée ,en diagonale de l’office du trésorier général ,ont fini par enfin  découvrir le pot aux roses.

Opacité et coulage des ressources

Les Congolais ont appris avec stupéfaction, que les réserves certifiées de cuivre sont passées de 35 313 890 tonnes à seulement 9 300 000 tonnes. Celles de cobalt sont également descendues de 3084 575 tonnes à 1 400 000 tonnes. Et c’est uniquement en l’espace de 20 ans . Autre chiffre qui trouble ,c’est celui qui provient des revenus que la GCM tire de ses partenariats . De 2012 à 2020,les sociétés qui en sont en joint-venture avec cette entreprise d’état ,ont réalisé un chiffre d’affaires de 35 milliards de dollars américains . De cette manne ,la GCM propriétaire des gisements ,n’a perçu que 564 millions de dollars américains. Autant dire une goutte d’eau dans l’océan de bonnes affaires réalisés par ses partenaires dont la bonne foi, n’est pas la principale vertu.

 

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Sans que cela paraisse scandaleux à qui que ce soit, la société Tenke Fungurume Mining qui a hérité des gisements de la GCM, ne paie pas  des royalties. L’IGF a ainsi sorti sa calculette. Selon elle, si on part sur la base de 2.5 pourcent à payer sur un chiffre d’affaires de 14 412 657 464 dollars américains réalisés par la TFM de 2012 à 2020,la GCM aurait dû empocher au moins 364 306 437 dollars.

Les cadavres dans les placards de la GECAMINES se comptent sur les doigts des mains et aussi des pieds réunis. Dans ce rapport explosif de l’IGF, on apprend avec stupéfaction, que la GCM a abandonné des reliquats de pas de porte. Ceux-ci  pourraient servir à renflouer ses poches trouées. À la suite d’un avenant signé en 2009 avec la société Mutanda Mining,la GCM a renoncé à un reste de 5 542 140 dollars américains ,solde d’un pas de porte de 33 542 040 dollars américains.

Des partenariats sans traces

Le rapport de l’IGF fait aussi mention de la cession des droits découlant de ses partenariats. L’entreprise EVELYNE SAU ,par exemple ,s’est autorisé à céder ses parts pour 50 millions de dollars américains . La GCM n’a reçu que 10 millions au titre de pas de porte . Comble de manque de transparence, le contrat d’amodiation entre la GCM et EVELYNE n’a  même pas des dates.
La GECAMINES est passé maitresse dans l’art du flou . Plusieurs contrats signés avec des tiers ,souffrent d’un manque de transparence totale.  Et c’est au point qu’ils ne figurent pas au journal officiel de la république. C’est le cas par exemple des accords entre la GCM et les entreprises suivantes, EVELYNE, MVUMILIA, LULU RESSOURCES, HUACHIN METAL , RECOMINES , KAPENG MINING pour ne citer que celles-là.

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Quid de l’avenir ?

Si le passé de la GECAMINES est sulfureux, son présent n’est guère brillant et son avenir est plus qu’incertain. Un agent GCM dépité résume bien la situation actuelle, « le roi des Belges qui va arriver ici ,ne trouvera que des usines rouillées comme celle de l’UL ,dont la cheminée emblématique ne fume plus depuis des décennies . Rien n’a été construit depuis le départ de ses ancêtres . C’est la honte. » Pourtant, les projets de modernisation s’entassent dans les tiroirs de la direction générale. C’est avec tambour et trompette que la haute hiérarchie de la GCM avait annoncé la construction d’une usine moderne à Kanfundwa dans le territoire de Kambove. Un autre agent s’indigne, « rien n’est fait sur place. Sur le site de Kafundwa, il n’y a que des hautes herbes ou des rats se multiplient à profusion ».
100 jours après son arrivée au pouvoir, l’actuelle direction générale, n’a pas encore sacrifié à la tradition. Celle-ci  veut qu’un nouveau Directeur Général fasse part de ce qu’il a réalisé et surtout sur ce qu’il compte faire.
Pour beaucoup d’observateurs, c’est le signe qu’il n’y a rien dire. Car il n’y a rien à faire pour cette entreprise qui s’achemine inexorablement vers sa fin, à moins d’un miracle.