Haut Katanga : Entre autosuffisance en maïs et forte demande

Haut Katanga : Entre autosuffisance en maïs et forte demande

La province du Haut Katanga  traverse depuis le mois de mars une crise en maïs. Le  prix de cette céréale et même de la farine a atteint cette année le niveau le plus élevé soit l’équivalent de 50 $. Le déficit agricole résulte  notamment de la vocation minière de la province qui a détourné une partie des habitants de l’agriculture. Pourtant les sols arables ne manquent pas. Sur les 2,5 millions d’hectares de terres arables dans le Haut Katanga, seuls 20% sont exploités à ce jour . Pour réduire la dépendance , la province a , depuis  4 ans mis en place une politique d’autosuffisance  en maïs. Mais la production provinciale est encore loin de répondre à la forte demande.

 

En septembre 2019, la province  du Haut Katanga  élabore sa politique agricole.  Elle organise une table ronde à l’issue de laquelle elle définit ses  priorités. Il s’agit notamment de cultiver 15.000 hectares  de maïs par an pendant cinq ans. Jusques là , la province ne produisait  annuellement que 200 mille tonnes de cette céréale, alors que les besoins s’élèvent à 800 mille tonnes.

« C’est un plan quinquennal, mais pour la campagne 2019, nous devons être en mesure d’emblaver 15 milles hectares» expliquait l’ancien ministre  provincial de l’agriculture Thierry Magoma .

Ainsi pour appuyer ce programme ,  la province crée cinq villages agricoles. Ils représentent  10 000 à 15 000 ménages ruraux, avec un potentiel de 30 000 hectares cultivables.  Ces villages agricoles  sont alors créés  à Mwaiseni (Territoire de Kipushi), Kasomeno (Kasenga), Kambove et Kapolowe (Kambove) et à Sakania.

Subvention  du gouvernement provincial

En 3 ans, le Haut Katanga  atteste avoir  subventionné la culture du maïs sur près de 39.000 hectares. En effet  en 2020, le gouvernement provincial  subventionne quelque 13 000 ha de maïs . Par contre en 2021,  son appui en semences et engrais couvre 11000 hectares. Cette baisse se  justifie par  la pandémie du Covid-19.

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Mais en 2022, la province semble atteindre son objectif de départ. Elle appui la culture du maïs sur  15 000 ha dont 5000 ha pour les villages agricoles.  À la récolte, les bénéficiaires remettent 30% de leur production à la province.

Ecart entre la production provinciale et la forte demande

La politique agricole du gouvernement provincial du Haut Katanga a semblé produire des résultats les deux premières années. Les grandes villes comme Lubumbashi et Likasi n’ont pas  ressenti la  crise  en maïs entre 2020 et 2021.

Néanmoins, la production provinciale de cette céréale est encore loin de couvrir les besoins locaux. Ils sont évalués à  près de 1,681 million de tonnes de maïs par an. Or , selon les statistiques du gouvernorat,  la province a par exemple produit  en 2020,   231 258 tonnes de maïs  sur 13.000 hectares emblavés. Ce qui représente  environ 15 % par rapport  aux besoins .

En 2022, avec une subvention  sur 15.000 hectares, la production  du maïs pourrait être estimée à environ 250.000 tonnes de maïs. Elle ne pourrait  répondre qu’à près de 20 % de la demande. Certains producteurs locaux du maïs estiment qu’il faut plus de 15 mille hectares et un budget conséquent pour faire face au déficit alimentaire. C’est l’avis  Mukalay Sonkwe , membre de la FEC et producteur local .

« La culture du maïs est une culture des masses, on doit aligner au moins un million des gens. Si on a financé un million d’hectares, on peut estimer à 750 mille hectares ou on peut récolter convenablement. Si chacun met en circulation 5 tonnes, nous avons au moins 3 millions de tonnes de maïs. Or, avec 3 millions de tonnes, on peut stabiliser le prix de la farine. »

Face à ce déficit , la province du Katanga devra encore compter sur l’importation du maïs. Ainsi  pour résorber la crise en maïs, le ministre de l’économie Vital  Kamerhe s’est engagé la semaine dernière à octroyer des facilités  aux importateurs. L’objectif étant de rabaisser le prix sur le marché. A ce jour, un sac de farine de maïs de 25 Kg  se négocie entre 65.000 et 70.000 Fr soit 35 $. Alors qu’au mois d’avril, le même sac se vendait à 100.000 Fr ,l’équivalent de  50 $.