Kolwezi : A qui profite le centre des négoces de Musompo ?
Au lendemain de l’inauguration du centre des négoces de Musompo à Kolwezi, les creuseurs et la société civile élèvent la voix. Pour les premiers, il y a des préalables à l’ouverture de ce centre. C’est notamment la création des zones d’exploitation minière artisanale. Quant à certaines organisations de la société civile, l’inauguration précipitée du centre des négoces risque d’entacher la chaine d’approvisionnement du cobalt.
Le centre des négoces de Musompo à Kolwezi a été initié pour repondre aux plaintes reccurents des exploitants artisanaux. En effet , les acheteurs étrangers imposent aux creuseurs et le prix du minerai et la teneur en cuivre et cobalt. Aussi, ils modifient la balance. Ainsi, pour un sac des produits miniers bruts de 100 Kg par exemple, une balance peut indiquer la moitié. En outre, le centre des négoces de Musompo devait permettre à la RDC d’avoir le contrôle de la production minière artisanale.
De ce fait, le centre devait avoir des structures qui sécurisent les affaires des exploitants artisanaux . C’est entre autre un laboratoire pour mesurer la teneur exacte du cuivre et du cobalt. Aussi, des balances conformes et des prix prix fixes. Le soucis étant d’ameliorer les conditions de vies des exploitants artisanaux . Car 20 % de la production du cuivre et du cobalt du pays proviennent de l’artisanat minier.
Préalables
Et il y avait des préalables à l’ouverture de ce centre des négoces. C’est par exemple la création des zones d’exploitation artisanale, ZEA. C’est delà que proviendraient les produits miniers pour alimenter le centre des négoces de Musompo en toute légalité . Or, jusqu’à présent, les milliers des creuseurs artisanaux en province du Lualaba sont installés sur des sites des sociétés industrielles. Un exploitant artrisanaux qui a requis l’anonymat craint que l’ouverture de ce centre ne légalise le vol des minerais des grandes sociétés.
Nous les creuseurs souffrions encore, nous n’avions pas d’espaces où travailler en toute tranquillité. Actuellement , la situation empire parce que la politique s’est beaucoup immiscée dans ce secteur. L’initiative de créer le centre des négoces était bonne pour la traçabilité de nos produits . Néanmoins, l’État congolais ne pouvait pas l’inaugurer maintenant. Il fallait d’abord créer des ZEA pour permettre aux creuseurs de travailler en toute liberté.
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Et d’ajouter » Nous n’allons tirer aucun profit de ce centre. Par contre, en créant Musompo, l’état nous encourage indirectement à aller voler dans de sites d’autrui. Or nous ne voulons pas car cela nous met toujours aux conflits avec les propriétaires de concessions minières ».
L’autre préalable était la construction d’un laboratoire. Ce qui est fait car le centre d’expertise et de certification de minerais vient d’y ouvrir son laboratoire. Toutefois, pour les creuseurs artisanaux, cela ne suffit pas. Ils insistent » Nous avons besoins des sites légaux d’extraction des produits miniers »
Quid de l’entreprise générale du Cobalt ?
Pour leur part, les organisations de la société civile soutiennent le point de vue des exploitants artisanaux . Elle rappellent qu’n 2019, le gouvernement et la Gécamines ont créé l’entreprise générale du Cobalt EGC. Celle-ci devrait avoir le monopole d’achat du minerais de cuivre et du cobalt du secteur artisanal. Ainsi en 2020, l’ancien gouverneur du Lualaba avait accepté de céder le Centre de Negoce de Musompo à EGC . Par conséquent la Gecamines devait de rassurer des sites de provenance des minerais à mettre à la disposition de EGC . Et la répartition des recettes est 95% GCM et 5% Etat .
Or, indique Franck Fwamba de la plate forme Touche pas à mon cobalt, l’entreprise EGC n’est pas opérationnelle. Et pourtant, l’entreprise a déjà recu de son partenaire la somme de 80.000.000 de dollars pour lancer l’achat de la production artisanale. Pour cet acteur de la société civile, le centre des negoces de Musompo sans EGC ne va profiter qu’à quelques personnes dont des expatriés . Et ils les qualifie de » Seigneurs du cobalt dans le Lualaba. cela risque encore ternir l’image du cobalt Congolais car il sera extrait dans des sites illégaux et en violation des droits humains
La solution demeure EGC, Gecamines est disposée à bien faire les choses en octroyant à cet établissement public des espaces d’exploitation minière artisanale .Que le Gouvernement soit clair sur la mise en application des orientations du Président de la République à propos du contrôle des produits artisanaux de cuivre et cobalt et sur EGC.
L’observatoire des ressources naturelles OEARSE, soutient également ce point de vue. Et poursuit » l’inauguration du centre ne répond à la question portant sur la traçabilité des produits artisanaux« .
Enfin, s’agissant des zones d’exploitations artisanales, le directeur général du cadastre minier a rassuré les creuseurs devant le Président de la République ce jeudi. « Quelques sites miniers sont libérés et nous allons mettre à leur disposition »