Microfinance: 99% des femmes bénéficiaires ont chuté (étude)
Il y a près de dix ans que plusieurs femmes en RDC sont sensibilisées sur l’entrepreneuriat féminin. Et des fonds en terme de microfinance ont été octroyés aux femmes. De 2016 à 2021, plus de 8 030 femmes à Lubumbashi ont reçu de microcrédit auprès de différentes banques commerciales. Mais 99% de ces femmes entrepreneurs ont connue une chute vertigineuse de leur chiffres d’affaire. Selon Maguy Nzuzi ,professeur à l’université de Lubumbashi, plusieurs obstacles sont à la base de cette situation.
En effet, les femmes entrepreneurs ont un accès réduit au financement bancaire, explique professeure Maguy. Car, elles n’ont pas des garanties solides à offrir aux institutions financières. Or, ces dernières ont des exigences rigides et règlementaires. Les femmes ne savent pas comment répondre à toutes ces exigences.
Cependant, l’année 2005 a été déclarée par les Nations-Unies, l’année de microcrédit. L’objectif était de promouvoir l’entrepreneuriat féminin. Ainsi, plusieurs femmes Lushoises ont sollicité des microcrédits en vue de financer leurs activités.
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Les normes sociales
Le professeur Maguy Nzuzi a fait une étude sur l’octroi de micro finance aux femmes par les banques. La recherche a couvert la période allant de 2016 à 2021. De ce fait, quelques institutions financières de Lubumbashi ont été ciblée. C’est entre autre Finca et Tudjenge. Les résultats de l’étude ont rapporté que ces institutions ont financé un total de 8 030 femmes de Lubumbashi. Mais, à la fin de 2021, la plupart des femmes entrepreneurs qui ont reçu les micros crédit ont vu leurs activités couler. D’après elle, plusieurs facteurs sont à la base de cette chute. C’est notamment, le faible taux d’instruction de la femme, le manque de compétence managériale et de gestion financière. En plus, les normes sociales et culturelles sont en défaveur des femmes.
«La femme confond son activité commerciale et son ménage. Les femmes congolaises sont aussi victimes de normes sociales qui sont avantageuses pour la jointe masculine. La norme culturelle ne permet pas à la femme de pouvoir développer son processus entrepreneurial ». À cet effet, professeur Maguy pense que l’objectif des Nations-Unies n’était pas atteint.
Pour leur part, les femmes entrepreneurs sont conscientes des facteurs qui pèsent sur elles.Léontine Longwa entreprend dans l’agriculture. Etant donné qu’il n’existe pas des banques agricoles en RDC, cette cultivatrice a contracté un micro crédit auprès d’une banque commerciale. Et les conditions de remboursement ne sont pas aisées , indique -t-elle.
« Quand on prend le crédit à la banque, celle-ci exige de rembourser chaque mois. Et pourtant, nous les agriculteurs, nous dépendons de la période de la récolte. Il y a des productions qui durent trois mois, ou quatre mois. Donc, quand on prend un crédit, on doit attendre cette durée avant de rembourser l’argent. C’est ça qui est compliqué, et nous enregistrons des pertes. Moi, j’arrive à m’en sortir parce que je recours à d’autres sources pour rembourser le prêt. Mais cela n’est pas le cas pour d’autres femmes ».
Les banques appelées à former les femmes
De son côté, Ruth Ilunga est aussi une femme entrepreneur. Elle fabrique des blocs de glace depuis plus de 15 ans. Pour elle, ce qui a causé la chute de plusieurs femmes qui ont reçu des micros finance, est le manque d’étude du milieu et d’évaluation de risques. Ainsi, cette entrepreneur suggère aux institutions de micro-finance d’organiser des formations sur la gestion financière avant d’octroyer de l fonds aux femmes.
« C’est vrai, beaucoup de banques proposent le financement aux femmes, sans leur dispenser une éducation financière. Alors, je demande qu’on pense à former les femmes avant de leur octroyer des prêts. Il est important d’évaluer son Busnes plan et définir les modalités de remboursement . La bénéficiaire du crédit doit être en mesure d’évaluer les risques par rapport aux pertes, aux entrées et à l’étude du milieu ».
Il faut retenir que Professeur Maguy Nzunzi, économiste a mené a son étude sur « les obstacles à l’entrepreneuriat féminin à Lubumbashi ».