Lubumbashi: un homme écope de 20 ans de prison pour féminicide
Le Tribunal des grandes instances de Lubumbashi vient de condamner un homme pour féminicide. Il a tué sa femme. Il écope de 20 ans de prison ferme. Les femmes de Lubumbashi, tout en saluant l’action, pensent que pour décourager, la sanction doit être plus forte. Car de plus en plus, le nombre de femmes tuées par leur mari s’accroît. La province du Haut Katanga a déjà enregistré plus de 7 cas depuis l’année dernière.
En effet, Alphonse Mulumbwa Kimbala a tué sa femme il y a cinq mois. Il a fait croire à son entourage que son épouse Dorcas Kanind était en déplacement. Cinq mois après, son corps ligoté a été retrouvé dans une fosse septique. Selon les témoignages, il soupçonnait sa femme d’adultère. Pour le Tribunal qui a siégé ce 24 septembre en flagrance, sa culpabilité ne fait aucun doute. Ainsi, il a été condamné à 20 ans de prison et à des dommages et intérêts. Pour les organisations des femmes, le féminicide prend de l’ampleur.
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Une peine plus forte
Pour maître Sylvie Nkolomoni de l’ONG La Voix du savoir, ceci est un signe que dans la société, il y a beaucoup de violences conjugales. Et pour, il s’agit bel et bien d’un féminicide. Et cela nécessite une sensibilisation pour les réduire. Mais aussi, comme dans ces cas, les punitions doivent être à la hauteur. « Je pense qu’il faut aller au-delà même de 20 ans, même d’un quart de siècle ». Et puis, il faut des dommages à intérêt, dit-elle.
De plus en plus, elle préconise un suivi psychologique de ces personnes. Car pour elle, c’est incompréhensible qu’un homme tue sa femme et reste serein. « Donc une personne comme ça, il ne suffit pas seulement de l’enfermer. » Il faut le condamner à suivre un psychologue pour qu’il puisse être soigné. Et d’ajouter : « Nous avons beaucoup de malades comme ça aujourd’hui, qui demandent à ce qu’il y ait des prises en charge psychologiques. »
Des lois adaptées
Maître Falonne Kazadi, avocate du barreau de Lubumbashi et coordonnatrice de l’ONG Alter Ego, pour sa part, déplore tout le schéma qui mène à un féminicide. Sans nul doute, il s’agit des violences conjugales. Et sur ce sujet, la loi en RDC est faible. « Les violences domestiques sont punies par la loi sous d’autres cieux. » Mais en RDC, il n’y a pas (…) une loi spécifique qui protège les femmes, même les hommes, en cas de violences domestiques, déplore cette défenseure des droits des femmes. Pour elle, il n’est pas normal de recourir uniquement au Code pénal en cas d’un homicide lié aux violences conjugales. Or cette question nécessite un autre cadre légal.
Felicien Mujoka de l’ASBL Psychologues sans Frontières explique pour sa part que les violences domestiques ont plusieurs causes. Ainsi, il préconise comme thérapie un suivi du couple. « Le couple doit avoir en permanence des conseillers, et en particulier les psychologues qui peuvent venir à tout moment détecter ou bien évaluer le problème du couple », conseille-t-il.