RDC-Covid19: entre business et urgence sanitaire

RDC-Covid19: entre business et urgence sanitaire

En République Démocratique du Congo(RDC) le premier ministre affirme avoir débloqué de Mars à juin, plus de 10 millions de dollars pour la riposte contre la maladie à Coronavirus. Le responsable du secrétariat technique de riposte contre la pandémie, affirme quant à lui n’avoir géré que moins d’1,5 million de dollars depuis l’apparition d’un premier cas le 10 Mars 2020. De son côté le  ministre national de la Santé, dit n’avoir géré que quelque 3 millions. Le tout dans un climat de grogne des agents, du personnel soignant non payés, des difficultés pour l’obtention du certificat médical de dépistage Covid qui coûte par voyageur. Selon le ministre provincial de la santé, le grand laboratoire  de Lubumbashi  traite  en moyenne 300 échantillons par jour  ce qui ramène à neuf mille dollars Américains la recette journalière pour la seule province du Haut-Katanga.

Depuis plus de deux mois, le Grand Laboratoire médical de Lubumbashi (2 éme grande après l’INRB Kinshasa) procède au test du coronavirus des tous  les voyageurs à destination de l’étranger ou à une autre ville du pays. Selon les exigences sanitaires, le voyageur doit à son arrivée, présenter un certificat attestant qu’il n’est pas  atteint de la Covid -19 et dont le test est réalisé dans les 72 heures. Mais pour obtenir ces résultats au grand Laboratoire de Lubumbashi,  il faut s’armer de patience et de courage.

Il est 14 heures nous sommes dans la salle d’attente du grand laboratoire de Lubumbashi. Sur place nous rencontrons  Serges la quarantaine révolu visage renfrogné et en colère. Il vient de  passer 7 heures  à attendre: «Je suis ici depuis le matin, il fallait attendre. Il y a plusieurs raisons qu’ils avancent.  De fois on peut vous sortir les résultats, le nom est mal saisi…Soit vous devez attendre qu’on puisse mettre le seau ou c’est l’imprimante qui fait défaut… Bref, il y a beaucoup des raisons qui ont fait qu’on puisse tarder. Je voyage demain déjà. Enfin j’ai mon certificat ».

D’autres requérants sont plus durs. Ils  vont jusqu’à parler de dysfonctionnement au grand laboratoire de Lubumbashi et invitent le ministre provincial de la santé à y mettre de l’ordre. C’est le cas de cette dame Dorcas Biladi. Trouvée ce lundi à l’entrée du grand Laboratoire de Lubumbashi. Elle hausse le ton en furie. « Au Grand Laboratoire, c’est la catastrophe, c’est le désordre. On vous fait un prélèvement, on vous demande de passer 24 heures après. Eh bien, vous pouvez y passer 1, 2, 3, 4,5, 6 heures du temps. C’est très stressant si  vous devez prendre le vol dans la journée. Personnellement je suis arrivée à 14 h 30 et j’ai quitté le lieu à 18 h 00. Il y a des échantillons qu’on ne retrouve pas, on demande aux requérants de brandir de nouveaux leurs identités. Les gens s’énervent, ils crient… c’est tout simplement incroyable ».

Le ministre provincial de la santé  dans le Haut Katanga quant à lui,  se veut rassurant. Pour Joseph Sambi, c’est l’engouement du début,  tout va  rentrer dans l’ordre  avec le temps. Et il assure que les résultats délivrés par le grand Laboratoire de Lubumbashi sont les seuls fiables et reconnus par le gouvernement.

« Il y a un engouement des voyageurs. Les gens étaient bloqués pendant quatre mois,  et maintenant, tout le monde  afflue vers le seul centre provincial qui a la capacité de donner des résultats fiables qui engage la province et le pays, c’est normal. Tout le monde  veut voyager, tout le monde veut obtenir les résultats dans le délai mais il  y a des exigences techniques et technologiques. Donc il faut un minimum d’attente des trois heures pour obtenir les résultats. Et les machines ont aussi une capacité, donc on ne peut faire des tests autant qu’on veut. La plupart des demandeurs vont voyager et nous allons revenir à la  situation normale », a précisé Joseph Nsambi.

En attendant, certains demandeurs  craignent que dans ce qu’ils qualifient de désordre,  les résultats des tests qui  leur sont  remis ne soient pas fiables. Le ministre provincial de la santé  dans le Haut Katanga  indique que l’on peut mal écrire le nom d’un requérant mais  « se tromper des résultats, je ne suis pas vraiment sur » précise Joseph Nsambi.

Un test coûteux

Dorgel Tshibanda en provenance de la Cote d’Ivoire vient de passé une heure du temps retenu à l’aéroport de Ndjili ce mercredi 4 Avril 2020 contre son gré par le Programme national de l’Hygiène aux frontières (PNHF) et l’INRB(Institut de recherches biomedicals). Motif: payer 45$ pour se faire tester au COVID19. Une absurdité s’écrie t-il car d’après lui, il vient de passé un test il y a 48h.

«Je leur dis que je n’étais pas au courant de cette nouvelle procédure. En tout état de cause, j’ai présenté un test de l’Institut Pasteur en Côte d’Ivoire d’où je viens. Ils n’ont rien voulu savoir. Un d’entre-eux a brandi le principe de réciprocité. Je lui ai dis que cela n’avait aucun sens car le test covid fait en RDC est accepté en Côte d’Ivoire. Où je n’ai pas eu besoin d’un second test pour entrer. C’est alors qu’un autre agent INRB/PNHF me sort l’argument de l’Inde en disant que la plupart d’indiens, tests COVID en mains, sont testés positifs en n’arrivant en RDC. Et d’ajouter que le gouvernement indien ne reconnaît pas les tests de la RDC. Je leur dis que dans cette hypothèse, vos tests doivent se limiter à ceux qui viennent de l’Inde. Et ne doivent pas être généralisés. Je leur dis que dans cette hypothèse, vos tests doivent se limiter à ceux qui viennent de l’Inde. Et ne doivent pas être généralisés. C’est alors qu’un autre agent me sort la rengaine: « c’est pour vous protéger ». Bien qu’énervé il a pu m’arracher un sourire narquois. Quoiqu’il en soit lui ai-je dit, ses résultats ne seront disponibles qu’endéans 48h. Donc, si je le Covid, je le transmettrai bien avant qu’ils me parviennent».

C’est alors qu’un autre agent me sort la rengaine: « c’est pour vous protéger ». Bien qu’énervé il a pu m’arracher un sourire narquois. Quoiqu’il en soit lui ai-je dit, ses résultats ne seront disponibles qu’endéans 48h. Donc, si je le Covid, je le transmettrai bien avant qu’ils me parviennent.

.

C’est alors qu’un autre agent me sort la rengaine: « c’est pour vous protéger ». Bien qu’énervé il a pu m’arracher un sourire narquois. Quoiqu’il en soit lui ai-je dit, ses résultats ne seront disponibles qu’endéans 48h. Donc, si je le Covid, je le transmettrai bien avant qu’ils me parviennent».

Selon le ministre provincial de la santé, le grand laboratoire  de Lubumbashi  traite  en moyenne 300 échantillons par jour et le test du coronavirus pour les voyageurs coûte 30 dollars. Ce qui ramène la recette journalière à 9000 dollars Americains. A cela s’ajoute 45 dollars que doit debourser tout voyageur en provenance d’un autre pays qui atterit a l’aeroport de kinshasa pour le depistage Covid a l’arrivee. Aucune explication l’ institut national de recherche biomedical (INRB) et le programme national de l’hygiene au frontiere9(PNHF)

Un montant jugé  exorbitant dans une situation dite d’urgence sanitaire. Christian Katalayi fonctionnaire de l’État s’exprime à ce sujet « 30$ pour un test de covid c’est trop cher dans un pays comme le nôtre il fallait que les autorités fixent un prix raisonnable en fonction du niveau de vie de  tous les congolais sinon ça  c’est favoriser seulement une seule catégorie des personnes au détriment des ceux qui sont démunis… par exemple moi je suis en train de voyager dans le compte d’une ONG internationale qui m’invite à Kinshasa, à part le billet l’ONG m’a demandé de prendre en charge tous les autres frais et en tant que fonctionnaire de l’Etat débourser 30$ pèse énormément sur mon budget ».

La même situation presque partout

A Bunia dans la province de l’Ituri, des passagers des vols commerciaux ont déploré les difficultés pour se procurer le certificat médical du test de coronavirus délivré par le laboratoire local de l’Institut National de Recherche Biomédical (INRB).

Ils ont également exprimé leur mécontentement lundi 17 août, à l’aéroport national de Murongo.  Leur inquiétude est partagée par les opérateurs d’aviation qui parlent d’un manque à gagner pour leurs entreprises.

Selon des sources locales, le premier vol de la compagnie Congo Airways a eu lieu lundi 17 août à Bunia en destination de Goma, Isiro, Kisangani et Kinshasa. Ce vol est intervenu quatre mois après la levée de l’état d’urgence sanitaire décrété par le chef de l’Etat pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

Mais pour avoir accès à bord d’un vol régulier, en dehors du billet de voyage, il faut être muni du certificat médical du test de coronavirus délivré par l’INRB, à son laboratoire de Bunia, moyennant 30 $.

Le chef d’escale de la Compagnie Congo Airways à Bunia, Joseph Meya Amsini parle d’un manque à gagner pour sa compagnie. « C’est un manque à gagner pour nous parce que la plupart de nos clients hésitent d’acheter le billet puisqu’ils ne savent pas si ils auront le certificat médical du test covid pour pouvoir embarquer. La lenteur administrative  a l’INRB nous met nous aussi en mal de fonctionnement ».

Le responsable de laboratoire de l’INRB à Bunia, Docteur Prospère Ukurfwa reconnait la lenteur pour l’obtention des résultats, à la suite des problèmes d’intrants qui pourront être réglés dans les jours qui suivent. Il insiste sur l’exigence de ce document pour des raisons d’urgence sanitaire.

Tous les passagers, y compris ceux qui n’avaient pas de certificat médical, ont embarqué à bord de l’avion de Congo Airways.

Une gestion chaotique des fond alloués 

Des responsables de la gestion des fonds alloués à la riposte contre la Covid-19 sont mis en accusation par l’Inspection générale des finances (IGF) à l’issue d’une enquête qui remet en cause plusieurs personnes, dont des membres du gouvernement. D’après des sources judiciaires, le ministre de la Santé, Eteni Longondo, est parmi les personnalités soupçonnées de malversations financières pour, notamment, la surfacturation de soins et de services aux malades.

A ses côtés, son collègue des Finances. Il est cité pour avoir notamment ordonné le paiement de dépenses non facturées, selon une source proche de l’enquête. D’autres personnes soupçonnées sont, soit responsables à la Banque centrale, soit responsables de services rattachés au gouvernement, toujours selon nos informations.

Devant la presse, Jules Alingete, inspecteur général des Finances, apparait rassurant, affirmant que la justice interpellera les personnes impliquées. C’est sur demande du président Tshisekedi que l’IGF avait lancé ses enquêteurs pour auditer comptes de plusieurs administrations.

Si le chef du gouvernement lui affirmait avoir débloqué de mars à juin, plus de 10 millions de dollars pour la riposte, le responsable de la lutte contre la pandémie, Jean Jacques Muyembe, lui assurait n’avoir géré qu’un peu moins d’1,5 million de dollars depuis l’apparition des premiers cas. Le ministre de la Santé, pour sa part, disait n’avoir géré que quelque 3 millions. Le tout dans un climat de grogne des agents et du personnel soignant non payés. A cela s’ajoute, des allégations massives de listage de faux cas pour gonfler le budget.

Une copie de ce rapport a été remis, en Aout dernièr, au président Félix Tshisekedi et au premier ministre Sylvestre Ilunga. Le travail le plus exhaustif a été déposé au parquet général près la cour de cassation pour des poursuites judiciaires.

 

Selon le ministre de la sante, le ministère des finances avait ordonné selon son terme par « mégarde » un « double décaissement des fonds de primes » des agents de  la cellule de riposte contre la Covid19 en RDC pour le mois de Février, mars et avril 2020. Ces fonds n’ont jamais été retournés à la banque centrale du Congo (BCC).

Des accusations en accusations

On compte beaucoup de réactions au sein de l’opinion en République démocratique du Congo (RDC) depuis les dénonciations concernant la mauvaise gestion des fonds anti-Covid. À l’Inspection générale des finances, on persiste à dire que les gestionnaires de ces fonds ont du mal à justifier l’utilisation des 10 millions de dollars affectés par le gouvernement à la lutte anti-Covid-19.

Cette correspondance qui émane de l’hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa et adressée au ministre de la Santé avec copie à l’Inspection générale des finances est très révélatrice.

L’établissement hospitalier renseigne qu’il a interné et soigné 268 malades atteints du Covid-19, pour un coût de 12 000 dollars par personne et une hospitalisation de plus ou moins vingt jours chacun.

Remis en cause dans le décaissement des fonds par l’IGF, le ministre congolais des finances, Sélé Yalaguli, se dit surpris et assure n’avoir pas été complaisant face aux actes de mauvaise gestion décriés par l’IGF de la part notamment du ministère de la Santé. « Qu’ai-je à me reprocher ? Je devais exécuter les instructions des plus hautes autorités du pays. Au regard de l’urgence, il fallait mettre à disposition des ressources pour protéger la population congolaise, quitte à ce que les services utilisateurs de ces ressources en fassent bon usage et justifient sur base de preuves documentées ».

Des dépenses douteuses

Selon une source proche de l’enquête de l’Inspection générale des finances (IGF), les quelques 3 millions de dollars destinés à l’hôpital ont été payés, en espèce, au guichet, une pratique qui n’est pas autorisée par la loi.

À cette irrégularité, s’ajoutent des dépenses douteuses, déclarées mais non justifiées par le ministère de la Santé, de deux millions de dollars. Parmi ces dépenses, l’achat d’ambulances pour 260 000 dollars dans le cadre du plan Covid, ambulances qui n’ont jamais été livrées, précise des sources.

Selon le Premier ministre Ilunga Ilunkamba, plus de dix millions de dollars ont été débloqués depuis mars pour la riposte, mais le coordonnateur de la lutte contre la pandémie, le docteur Jean-Jacques Muyembe, assurait lui, en septembre dernier, n’avoir géré que 1,5 million de dollars. C’est pourquoi l’Inspection générale des finances a été chargée de s’intéresser de près à la gestion des fonds Covid-19.