Professeur Antoine TSHITUNGU contextualise la visite du Roi Philippe

Professeur Antoine TSHITUNGU contextualise la visite du Roi Philippe

Le Roi Philippe et la Reine Mathilde de Belgique séjourne ont été en RDC depuis mardi 7 juin 2022. Ce séjour d’État va durer six jours et sera bouclé lundi 13 juin.  À Kinshasa, le Roi des Belges a décoré à la plus haute distinction le Caporal Albert Kunyunku. Il est le dernier ancien combattant de la 2e Guerre Mondiale encore en vie. Il y a peu, il a soufflé sur ses 100 bougies. À cette occasion, le Professeur Antoine TSHITUNGU a fait sa lecture sur la visite du Roi des Belges à Lubumbashi.

Arrivé à Lubumbashi ce 10 juin, Le couple royal a visité l’école Belge. Le couple a aussi eu une rencontre avec les étudiants de l’Université de Lubumbashi. Ce samedi, matin, il visite le village Katanga situé à près de 100 km de Lubumbashi. Cette visite est perçue différemment. Le Professeur Antoine TSHITUNGU a aussi donné sa lecture sur cette visite.

A lire aussi: Lubumbashi, Roi des Belges: entre bénéfice politique et utopie

Enjeux énergétique et économique

Loin des analyses politiques, cet homme des sciences évoque d’autres enjeux. C’est, par exemple, l’enjeu énergétique. Car, le monde est confronté ce jour à plusieurs problèmes énergétiques.  Il s’agit par exemple de la transition énergétique. « Aujourd’hui, le monde tend éliminer l’usage des énergies fossiles, dont l’essence et le diésel. Ainsi, il se tourne vers les énergies propres ou vertes. Et ça sera grâce à l’usage des batteries électriques. « Pour cette mutation, le monde a besoin des ressources qui permettront   cette transition énergétique. La RDC regorge de ces ressources, notamment le cobalt dans le Katanga. Dans ce contexte, la Belgique qui est le pays colonisateur de la RDC ne peut être en reste de cette transition », explique ce professeur.

Outre cet enjeu énergétique, l’enjeu économique entoure cette visite du couple royale de Belgique.  Ainsi, Antoine TSHUTUNGU rappelle qu’il y a 50  ans, l’essentiel des exportations congolaises étaient orientées vers la Belgique. Ainsi, celle-ci détenait beaucoup d’entreprises en RDC.

À ce jour, tout cet investissement s’est réduit tel une peau de chagrin, a-t-il affirmé. « Les échanges entre la Belgique et la RDC ne représentent que 100 millions de dollars américains.  Comparés aux échanges entre la RDC et la Chine, on se rend compte que la Belgique   s’est retrouvée marginalisée et amoindrie ».  Pour le Professeur,   cette situation est à corriger, car elle fait partie des enjeux économiques. A-t-il souligné, la RDC ne peut revenir avec force sur le plan économique au niveau international sans pouvoir répondre aux historico-mémorielles, a-t-il soutenu.

 Des enjeux historiques, mémoriels et culturels aussi

Sur le plan historique, le fait pour le Roi de Belgique de prononcer le nom de Lumumba est événementiel. Il a reconnu que Lumumba a été un grand unificateur alors que par le passé, ce nom a été diabolisé. Vu les nombreux enjeux qui entourent cette visite, le Professeur exhortent la population à la vigilance. Elle doit accompagner ses dirigeants pour leur éviter de retomber dans le paternalisme et le racisme qui ont caractérisé les relations entre les deux pays par le passé.

En termes d’enjeu culturel, il a évoqué le fait que les Congolais parlent le français. Un fait découlant de la colonisation belge et non française.  « Dans ce contexte, nous sommes conditionnés par la Belgique » dit-il. Et d’interpeller les Congolais sur le fait que ce n’est pas forcément la Belgique qui maîtrise mieux la RDC que nous-mêmes, les Congolais. « L’expertise belge ne doit pas écraser notre propre expertise », a-t-il insisté.

Que gagne la RDC dans les multiples enjeux ?

D’emblée, le retour en masse des hommes d’affaires belges contribuera au renforcement de l’économie.   Cependant, précise-t-il, les Belges n’ont pas la prétention de chasser les autres peuples qui ont apporté leurs investissements en RDC.  Bien plus, la RDC et la Belgique vont travailler en vue d’accroître le volume des actions de la Belgique en RDC. Pour information, à ce jour, la RDC s’affiche au  72e rang des clients de la Belgique.  Partant de l’année de l’indépendance(1960), cette position traduit la faiblesse de la coopération sur le plan économique entre les deux pays.

La ville de Lubumbashi à l’honneur

Pour le Professeur Antoine TSHITUNGU, la visite du couple royal à Lubumbashi est loin d’être un hasard.  Pour cause, l’ex-Katanga a été la prunelle de la Belgique colonisatrice.  C’est ici que les grandes mines ont été exploitées pour financer et construire la Belgique.

Le choix de cette partie de l’ex-Grand Katanga repose sur les enjeux historiques et sur son importance présente, a-t-il souligné.