Lubumbashi -insécurité: cauchemar pour la population

Lubumbashi -insécurité: cauchemar pour la population

La ville de Lubumbashi est en proie à l’insécurité persistante qui ressemble à un cauchemar. Depuis plus de deux ans, les habitants de cette ville font face à l’insécurité causée par des bandits armés. Le dernier cas en date est celui de mercredi 06 mars 2024. Quatorze bandits structurés en trois groupes ont été présentés à ce jour par la police à l’autorité provinciale.

En effet, ces malfrats détenaient une arme à feu AK47, des machettes, des écrans plasma. Ils avaient également des marteaux, scies à métaux, une radio boomer, et autres biens valeurs. C’est le commissaire divisionnaire provincial   de la police nationale congolaise , le général Odimba Okito qui a présenté ces malfrats au gouverneur Jacques Kyabula. L’autorité provinciale a salué  ce nouveau coup de filet réalisé par la police dans la traque des malfrats. Jacques Kyabula a par ailleurs indiqué que cette nouvelle vague d’arrestations de plusieurs criminels est l’occasion de se mobiliser encore plus pour en finir avec l’insécurité.

« Chers concitoyens, continuez à collaborer avec les forces de sécurité pour que la lutte contre la criminalité soit réussie totalement. Ces bandits  seront jugés sévèrement devant les tribunaux. Certains extorquaient au niveau des avenues Des Usines et Sendwe à Lubumbashi »  a lancé l’autorité provinciale.

L’insécurité loin d’être maîtrisée ?

Du côté de la société civile, l’inquiétude persiste. Malgré plusieurs vagues d’arrestations des criminels, l’insécurité se fait toujours sentir dans plusieurs quartiers de la capitale du cuivre. La commission chargée de la gouvernance Sécuritaire et Paix de la société civile du Haut-Katanga a, dans un message partagé sur les réseaux , alerté sur la résurgence de l’insécurité.

«La nuit du 05 au 06 Mars 2024 les jeunes malfrats sont entrés dans la maison sise N° 20 avenue kilela, quartier Kawama Commune Ruashi, ville de Lubumbashi. Ces malfrats ont su à emporter de l’argent et d’autres biens des valeurs» peut-on lire dans cette alerte. En outre, cette structure  dénonce un autre cambriolage qu’au quartier 2, toujours dans la commune de la Raushi. Aux alentours de l’église méthodiste,  des bandits ont cassé  le mur d’une maison avant d’emporter des biens et la  laissant  avec des trous .

Au quartier Taba Congo, les habitants vivent aussi le même cauchemar. Il ne se passe pas une nuit sans que 5 à 6 ou 7 maisons ne soient visités par des bandits armés de machettes et des burins. Selon des témoignages, certains habitants ont abandonnés leurs propres maisons pour aller  vivre dans d’autres quartiers. De ce fait, la société civile s’interroge sur l’efficacité des mesures  prises pour combattre l’insécurité dans la ville.  « chaque jour , on nous présente plusieurs malfaiteurs arrêtés par la police. Mais sur le plan sécuritaire, la situation ne s’améliore pas. Où se situe alors le vrai problème ?.»

Des criminels professionnels et protégés

Pour sa part, le criminologue Philly Ntumba , a un autre regard sur  l’insécurité persistante à Lubumbashi. D’abord,  Il est impossible d’avoir une société sans criminalité, indique-t-il. Ensuite, il précise que chaque société n’a que des criminels qui lui conviennent. C’est la société elle-même qui crée les criminels, affirme cet expert en criminologie.

« La criminalité que nous connaissons à Lubumbashi n’est pas une criminalité d’accident. Nous avons plutôt des criminels professionnels. Ces gens-là sont mieux organisés parfois plus même que les services de sécurité ou de renseignements. Ils ont des informateurs et des protecteurs même au sein des services de sécurité. A un certain moment ,on peut les étouffer mais ils peuvent toujours monter des contre stratégies pour remonter leurs activités criminelles» souligne-t-il.

Lire aussi : https://magazinelaguardia.info/2023/07/20/lubumbashi-des-methodes-efficaces-pour-eradiquer-linsecurite/

De nouvelles stratégies

Le criminologue Philly Ntumba estime que le morceau est dur pour les services de sécurité pour éradiquer l’insécurité dans la ville de Lubumbashi.

«La police ou d’autres services de sécurité de notre pays manquent la réforme ou l’actualisation de leurs activités. Nous avons des services de sécurité qui sont toujours en réaction. C’est-à-dire il faut qu’ils apprennent qu’il y a un groupe des bandits qui opèrent quelque part pour venir en répression. Alors qu’en principe les services de sécurité doivent anticiper la criminalité» s’indigne-t-il.

Par ailleurs, cet expert qualifie la présentation des présumés malfrats par l’autorité administrative devant le grand public d’un acte de propagande. Il pense que ces présumés bandits sont souvent présentés au public avant d’être présentés devant leur juge naturel pour obtenir leur condamnation ou acquittement. Pour lui, cette procédure est à abandonner. Aussi, il estime que la stratégie des centres communicationnels des opérations, CCO, a montré ses limites dans la lutte contre l’insécurité. Ces centres sont chargés de mener des patrouilles mixtes police- FARDC. Il appelle par conséquent les services de sécurité à changer des stratégies.

 

 

Demester Maloba